5 août 2022

★★¾ | Avec amour et acharnement

Réalisation: Claire Denis | Dans les salles du Québec le 5 août 2022 (Cinéma du Parc)

Récompensé par l'Ours d'argent de la meilleure réalisatrice au Festival de Berlin de 2022, Avec amour et acharnement est la troisième collaboration entre la réalisatrice Claire Denis et la romancière et dramaturge française polémique Christine Angot. Après Voilà l’enchantement (court métrage de 2014) et Un beau soleil intérieur, ce nouveau long métrage est l’adaptation du roman Un tournant de la vie de Angot, en collaboration avec Denis. Il s’agit d’un drame sentimental à propos d’un couple, Jean et Sara, qui s’aime profondément (Vincent Lindon et Juliette Binoche, au sommet de leur art) jusqu’au jour où François (Grégoire Colin) l’ancien amant de Sara et ami de Jean refait surface dans leur vie.
Même s'il y a une volonté d'éviter certains clichés liés au sempiternel triangle amoureux en y ajoutant notamment une part de mystère par la présence de Grégoire Colin  acteur fétiche de la cinéaste  en séducteur mystérieux et toujours aussi énigmatique, on demeure pourtant en terrain connu et aucun des personnages s’avère attachant. Chacun se présentant tour à tour comme un bourreau ou une victime de telle sorte que la froideur qui se dégage annihile le sentiment d’attachement pour ces personnages. Les tirades où l’on aborde de façon excessive l’adultère, la possession et la jalousie maladive rendent un brin mal à l’aise et inconfortable avec notamment des dialogues littéraires à la limite du risible, qui sonnent parfois faux aux oreilles.
Si le scénario déçoit, il faut reconnaître le talent indéniable de Denis à la réalisation. Il y a chez elle cette habileté à montrer les corps avec une caméra les cadrant de très près et en les collant presque à l’action. Dans ses meilleurs films (Beau Travail, White Material), sa forme s’accorde harmonieusement et de manière perceptible à une économie de mots qui évoque la souffrance des personnages. Ici, on est dans le démonstratif où certes les acteurs brillent, mais où l’émotion reste en plan. Et c’est dommage, car la scène d’ouverture est une des plus belles de tout le cinéma de Denis.
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