19 août 2022

★★★½ | Un été comme ça

Réalisation: Denis Côté | Dans les salles du Québec le 19 août (Maison 4 :3)
À Cinéfilic, on aime Denis Côté. Cependant, il faut admettre que le cinéaste a parfois tendance à regarder ses personnages un peu de haut, avec un sens du mépris certes irrésistible, mais pas adapté à tous les sujets… et à l'évidence pas adapté à Un été comme ça! (Voilà pour le préambule en forme d’interrogation inquiète.)
Nous y suivons en effet principalement trois femmes à la sexualité exacerbée, isolées de leur plein gré avec un accès très limité aux outils de communication modernes et au monde extérieur. Que l’on se rassure tout de suite par rapport au préambule de ce texte : Côté laisse son aspect cassant au vestiaire, et témoigne d'un respect pour ses personnages empreint d'une grande sensibilité. Cela est paradoxalement renforcé par une certaine distance dans le regard (même si la caméra est souvent très proche des personnages), qui le transforme en observateur sans concession (mais également sans jugement, ni complaisance, ni mièvrerie). Il filme donc ces femmes, leurs souvenirs (les souvenirs d’une orgie plutôt intense), leurs provocations corporelles (scène de masturbation, scène de fellation à la chaîne d'un terrain de soccer au complet), en mettant de l'avant tour à tour le plaisir qu'elles prennent ou les tourments qui les traversent, de manière antimoraliste et antipsychologique, mais également sans donner l'impression de se rincer l'œil derrière sa caméra. Il prend le temps de les observer, et parvient ainsi à en faire de véritables personnages et pas uniquement des archétypes. Qu'elles se soient livrées à telle ou telle pratique sont des faits auxquels il accorde la même importance que toutes les autres composantes de leur personnalité. En les filmant ainsi, elles ne sont plus des sujets d’étude mais des personnes, de plus en plus attachantes, mais également de plus en plus libérées face à l’image qu’elles renvoient au monde (les dernières scènes, à ce titre, sont très belles), des femmes que l'on aurait presque envie de rencontrer, de côtoyer, de connaître… et pas pour sauver leurs âmes malades, mais tout simplement pour ce qu'elles sont.
Filmé avec délicatesse, écrit avec une grande justesse (la scène avec le camionneur est une merveille d'écriture), Un été comme ça est peut-être, malgré l'aspect potentiellement provocateur de son sujet, un des films les plus sobres de la cinématographie de Côté, et peut-être, nous le verrons, l'un de ceux qui, parmi ses films purement narratifs, résisteront le mieux au passage du temps!
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