30 septembre 2022

★★★ | Viking

Réalisation : Stéphane Lafleur | Dans les salles du Québec le 30 septembre 2022 (Les films Opale)

Huit ans après Tu dors Nicole, Stéphane Lafleur nous revient enfin à la mise en scène avec Vicking, qui nous plonge dans un milieu désertique abritant cinq individus participant à une expérience : rester en isolement dans un environnement clos, dans des conditions proches de celles que vivent des astronautes envoyés sur Mars. Leur but : anticiper certains problèmes relationnels qui pourraient arriver là-haut.
On le comprend d’emblée : même si on retrouve un sens de l’absurde et une volonté de mettre l’humain au cœur de son œuvre, Lafleur s’éloigne un peu de ses deux premiers films en flirtant avec la science-fiction et en s’éloignant du périurbain. Il s’associe également avec un coscénariste (Éric K. Boulianne) dont l’univers plus déjanté que poétique semble très éloigné de celui de Lafleur. Le résultat ressemble peut-être un peu moins à du Lafleur, avec un fil narratif qui le structure plus que ses précédents, mais nous y retrouvons une constante : l’observation de l’humain, même si elle se fait de manière moins microscopique qu'à l’accoutumée. Ici en effet, ce qui semble important est la dynamique de groupe. Les protagonistes ne sont pas vus comme des entités évoluant dans un environnement qui leur semble étranger, mais comme des éléments d’un tout qui doivent cohabiter en se mettant au service d’une noble mission (sauver une mission spatiale du désastre). Si l’ensemble se fait avec un humour constant (qui en fait une comédie québécoise réussie), le film se fait également critique sur de nombreux aspects sociétaux : l’obligation de vivre en harmonie avec des gens qui nous sont éloignés (le récurant et amusant « Je suis content que nous ayons eu cette conversation »), l’obligation de répondre à un discours faussement valorisant (les participants pensent jouer un rôle important mais ne sont en réalité que des petits maillons perdus dans une chaîne bien plus grosses qu’ils ne l’imaginent)… mais également le besoin d’être avec ceux qu’on aime (la conclusion du film).
En fin de compte, si Viking n’a pas la singularité de ses précédents films (moins intéressant visuellement, plus classique narrativement), il présente également l’intérêt d’être plus abordable. Cela lui permettra-t-il de devenir le gros succès qui feront pâlir de jalousie les mauvaises comédies québécoises qui brillent parfois au box-office? Rien n’est moins sûr… mais rêvons un peu!
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