11 novembre 2011

Le vendeur ***½

Marcel Lévesque (Gilbert Sicotte), la soixantaine bien avancée, est vendeur de voitures dans une petite ville mono-industrielle. Un jour, il rencontre François Paradis (Jean-François Boudreau), un ouvrier qui travaillait à l’usine de pâtes et papier, véritable poumon économique de la région, fermée pour une durée indéterminée.

Réalisateur: Sébastien Pilote | En salles le 11 novembre 2011 (Les Films Séville)

Pour son premier long métrage, Sébastien Pilote (lire notre entrevue) témoigne avec Le vendeur d’un talent d’écriture particulièrement réjouissant. Les thèmes abordés, récurrents dans le cinéma québécois (le quotidien, la famille, la religion), le sont ici avec une subtilité et une pertinence rares. Cela permet au film d’atteindre une certaine universalité, confirmée par la renommée internationale dont il commence à jouir (sélection à Sundance, Prix FIPRESCI à San Francisco, Grand Prix du Jury à Mumbai, etc.). Ces qualités d’écriture, associées à la justesse de la mise en scène et à l’interprétation de Gilbert Sicotte, permettent au réalisateur de livrer à la fois un regard intransigeant, désabusé, mais jamais manichéen sur l’évolution de notre société de consommation tout en réussissant le portrait complexe d’un homme simple. Ce vendeur n’est en effet pas une caricature qui ne penserait qu’à faire de l’argent, mais un homme qui se persuade également d’agir pour le bien des gens. Il les trompe en réalité autant qu’il se trompe lui-même, tant sa réussite n’est qu’illusoire.
Sans jamais chercher à faire la leçon ou à imposer quoi que ce soit au spectateur, Sébastien Pilote parvient, en filmant un vieux vendeur de voitures absorbé par son travail, à décrire le désenchantement de la fin de l’ère industrielle, l’illusion de l’épanouissement par la consommation et l’isolement croissant de l’individu asservi par son travail... La grande classe !
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