10 mai 2013

Like someone in Love ***

Un ancien professeur, une jeune étudiante qui se prostitue et le petit ami de cette dernière se croisent dans Tokyo sans qu’aucun ne joue vraiment le rôle auquel il était destiné.

Réalisateur: Abbas Kiarostami | Dans les salles du Québec le 10 mai 2013 (EyeSteelFilm Distribution)

La première scène, brillante, annonce la couleur. Dans Like Someone in Love, il sera question d’apparences. La caméra filme un groupe de personnes attablées dans un bar, mais ce ne sont pas elles qui intéressent Kiarostami. Nous remarquons en effet une figurante au bord du cadre, qui se retourne et attire de plus en plus notre attention. Au moment ou nous oublions le groupe initial pour la regarder, elle se lève, se déplace et se retrouve en plein centre de l’image pour parler à quelqu’un. Un contre-champ nous permet alors de voir son interlocutrice, qui s’avère être l’héroïne du film. Au cinéma, les apparences sont parfois trompeuses. Ce que nous prenions pour des personnages du film ne sont que des figurants, celle que nous prenions pour une figurante est un personnage à part entière, et l’héroïne était dans un premier temps réduite au statut de voix hors champ. Dans la vie non plus, les personnes ne sont pas toujours celles qu’elles semblent être et Kiarostami utilise cette idée pour faire jouer à ses personnages (souvent en toute connaissance de causes) des rôles qui ne sont pas les leurs. Malheureusement, les personnages trop souvent réduits au rôle de faire valoir au service d’un procédé manquent d’épaisseur et ne parviennent jamais à nous convaincre.
Dit ainsi, Like Someone in Love pourrait ressembler à un ratage, mais heureusement, Abbas Kiarostami est derrière la caméra. En plus des scènes de voitures superbement filmées (depuis le temps qu’il pratique la chose, personne ne peut rivaliser avec lui), nous retrouvons un savoir faire indéniable, qui excelle ici dans la façon de gérer ses personnages dans l’espace (en plus de la scène d’ouverture, la scène de la rencontre devant l’université en est un autre bel exemple). Cette maitrise n’empêche pas l’ensemble de parfois prendre des allures d’exercice de style un peu vain, mais il serait tout de même dommage de passer à côté de ce Like Someone in Love et de ses quelques très beaux moments de cinéma.
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