Devereaux (Gérard Depardieu) est un homme puissant à qui tout semble réussir. Pourtant, son appétit sexuel hors norme va le mener à sa perte.
Réalisateur: Abel Ferrara | Dans les salles du Québec le 15 août 2015 (Remstar)
Ferrara, Depardieu et Bisset embarquent dans une aventure cinématographique ayant pour point de départ le fait divers le plus improbable de ces dernières années: l'affaire DSK. Avec un tel sujet, il y avait de quoi faire: le portrait d'un homme que les pulsion sexuelles poussent du prestige à la fange, une réflexion sur le pouvoir, voire un décorticage du système judiciaire américain. En réalité, on ne sait pas trop quel angle a choisi Abel Ferrara tant tout semble anecdotique et superficiel.
Dès le départ, il nous montre un personnage caricatural avec une volonté un peu trop facile de choquer en abusant de vulgarité, mais sans jamais montrer le sexe de manière trop crue... il ne faut pas aller trop loin tout de même! À force de trop charger son personnage principal, Ferrara le rend improbable et oublie qu’il ne suffit pas de s’inspirer d’une personne réelle (en ne retenant que le pire) pour la rendre crédible.
La deuxième partie aurait pu être plus intéressante: le portrait d’un personnage hagard soudain rattrapé par son vice et projeté dans un système judiciaire inhumain. Depardieu se comporte alors comme un animal en cage, éructe, semble dépassé par les évènements (ce qui convient au rôle), mais le problème vient du regard porté par Ferrara. Quasi documentaire par moment (en insistant sur la distance: prises de vue derrière les barreaux, à travers des vitres, etc...) mais aussi quasi subjectif à d'autres (l'aveuglement par les flash des journalistes par exemple, presque réussi mais trop court pour nous faire ressentir suffisamment l'impression de bête traquée et aveuglée). En passant régulièrement d’une approche à l’autre, Ferrara nous donne surtout l'impression de ne pas trop savoir ce qu'il recherche!
La troisième partie (celle de la liberté conditionnelle) tourne autour du rapport homme / femme. Malheureusement, les dialogues et direction d'acteurs sonnent souvent faux. De plus, quelques éléments qui auraient pu être réussis se retournent contre le film. Ainsi, la scène de confession nocturne est graphiquement intéressante, mais le discours de Devereaux est d'une naïveté affligeante.
Au final, Ferrara a beau essayer de mettre du Ferrara (la scène finale en forme de rédemption, thème qui lui est cher, mais intégré au film avec une maladresse affligeante), rien n'y fait.
Nous pourrions retenir de l’ensemble de rares instants relativement réussis, mais ce Welcome to New York sent tellement plus l'opportunisme que le talent, qu’il nous semble judicieux de l'oublier!