14 novembre 2014

Les combattants ***½

Vu dans le cadre du festival Cinemania 2014

Arnaud (Kevin Azaïs) et Madeleine (Adèle Haenel) se rencontrent un peu par hasard. Il est du genre passif. Au contraire, elle suit un entrainement intensif pour intégrer une préparation militaire afin d'être prête à affronter la fin du monde!

Réalisateur: Thomas Cailley | Dans les salles du Québec le 14 novembre 2014 (K-Films Amérique)

Les combattants, premier film de Thomas Cailley ayant remporté de nombreux prix lors de la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année, commence comme une petite comédie sentimentale, avec tous les éléments essentiels au genre: deux personnes que tout oppose se rencontrent et se détestent dès la première rencontre... mais vont finir par s'aimer.
L’observation de l'ennui estival dans une station balnéaire des Landes permet également au film de prendre des allures de comédie souvent très drôle qui joue moins sur une succession de gags que sur un sens du dialogue très percutant et très réaliste. Cailley aurait pu en rester là et étirer la recette, mais il préfère permettre à son film d’évoluer vers le voyage initiatique, puis vers le film pseudo postapocalyptique.
Tout cela est toujours traité avec autant de réussite. Les interprétations de Kévin Azaïs et Adèle Haenel (dans un rôle qui semble avoir été écrit pour elle) ne sont pas étrangères au charme du film, mais la maîtrise de la mise en scène n’est pas non plus à négliger. Avec un beau sens du rythme, Cailley parvient à nourrir son film d’une vivacité très rafraîchissante qui lui donne un aspect particulièrement plaisant. De plus, il confère suffisamment de réalisme à l’ensemble pour qu’il reste crédible, même lorsqu’il devient de plus en plus improbable.
Le film n’est cependant pas qu’une petite comédie. Derrière elle, se cache en effet le beau portrait d’une jeunesse désabusée représentée par deux jeunes adultes que tout oppose. La première symbolise cet idéalisme adolescent qui pousse à placer des espoirs dans ce qu’elle ne comprend pas vraiment (le personnage féminin imagine l'armée comme lui correspondant parfaitement... alors que l'esprit de corps, la solidarité et le sens du devoir y priment sur l'individualisme forcené qui est le sien). Le second représente la naïveté adolescente qui pousse à se jeter dans le vide par amour d'une presque inconnue (suivre une préparation militaire dans un régiment réputé difficile pour rester aux côté d’une jeune femme à qui il ne plait pas particulièrement). Dans les deux cas cependant, le regard que porte Cailley sur cette jeunesse reste plein d’espoir. C’est en effet en écoutant leur naïveté / idéalisme que les jeunes adultes apprendront de leurs erreurs pour passer à l’étape suivante.
Petite leçon de vie sous des allures de comédie alerte et sympathique, Les combattants démontre également la très bonne santé du jeune cinéma français (comme d’autres films présents à Cinemania depuis quelques années), tout en nous rappelant que les films hexagonaux peuvent être à la fois drôles et intelligents! Devant toutes les comédies médiocres qui remportent d’incompréhensibles succès en France, nous avons parfois tendance à l’oublier!

Lire également notre entrevue avec Thomas Cailley.
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