19 décembre 2014

Foxcatcher ***½

Les lutteurs David et Mark Schultz (Mark Ruffalo et Channing Tatum) viennent tous les deux de remporter une médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1984. Le milliardaire John du Pont (Steve Carell) propose aux deux frères d’intégrer son centre d’entrainement.

Réalisateur: Bennett Miller | Dans les salles du Québec le 19 décembre 2014 (Métropole Films)

Avec Foxcatcher, le réalisateur Bennett Miller adapte une nouvelle fois une histoire vraie. Très documenté, il n’en oublie pas pour autant que restituer des événements ne suffit pas à produire un film qui se tient, mais qu’il faut pour cela engendrer des personnages crédibles et une intrigue solidement construite. Le scénario de E. Max Frye et Dan Futterman, ainsi qu’une mise en scène très classique lui donnent d’emblée toutes les cartes pour réussir son entreprise.
Malgré une histoire qui aurait pu multiplier les pièges et des personnages qui auraient pu sombrer dans la caricature, le film s’en tire toujours bien. Il parvient même, à force de maîtrise, à devenir un superbe double portrait de deux hommes qui ont les honneurs (la fortune pour l’un; une médaille olympique pour l’autre), mais qui ne parviennent pas à être autre chose que deux enfants perdus en quête d’amour (malgré leur âge plus ou moins avancé). L’un manque de charisme et l’autre manque d’assurance, mais tous les deux sont en quête de reconnaissance.
La plus grande réussite du film est d’ailleurs de rendre leurs faiblesses encore plus palpables et plus douloureuses au contact du troisième personnage, a priori secondaire dans l’intrigue, mais finalement central. Doué des qualités que les deux autres n’ont pas (ce que restitue à la perfection un Mark Ruffalo une fois de plus excellent), il est celui qui rend toute cette intrigue possible. En développant de manière parfaitement crédible l’évolution de la relation entre ces trois personnages et en montrant comment le charisme de l’un (malgré une extrême simplicité) peut faire de l’ombre à la médiocrité d'un autre (malgré tous les moyens financiers qui sont en sa possession pour la compenser), Bennett Miller nous livre un film de plus en plus passionnant.
D’abord portrait de l'Amérique qui gagne, il se transforme progressivement en un terrible constat sur le ravage des frustrations depuis trop longtemps enfouies.
Foxcatcher est un film sans fausses notes. Il est également un des meilleurs films oscarisables de l’année (même si nous lui préférons tout de même Whiplash!)
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