14 août 2015

She’s Funny That Way ***

Une escorte et apprentie actrice (Imogen Poots) sème la discorde dans la troupe d’un metteur en scène (Owen Wilson) qui tente de monter une pièce sur Broadway.

Réalisateur : Peter Bogdanovich | Dans les salles du Québec le 14 août 2015 (VVS Films)

Le cinéaste Peter Bogdanovich aurait pu connaître une carrière équivalente à celle de Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese. Au début des années 70, il a signé quelques longs métrages intéressants, dont le classique américain The Last Picture Show qui a lancé la carrière de Jeff Bridges. Il n’a toutefois rien offert de réellement pertinent depuis trois décennies (l’année de Mask), obligeant le réalisateur culte à se faire plus rare, voire à travailler pour la télévision.
Il aura fallu Wes Anderson et Noah Baumbach comme producteurs exécutifs pour le ramener derrière la caméra. Sans être un grand film, She’s Funny That Way a cette particularité de plus en plus rare d’être un divertissement honorable qui met constamment de bonne humeur.
En fait, c’est à cet effort qu’aurait dû ressembler le dernier Woody Allen, Irrational Man. Plusieurs personnages névrosés se mentent, se séduisent et s’engueulent constamment, comme s’il s’agissait d’une relecture contemporaine de Bullets Over Broadway. L’histoire va dans toutes les directions, les dialogues pétillants abondent et le plaisir est rapidement communicatif. Imogen Poots séduit en un clin d’œil et pendant qu’Owen Wilson ressort son numéro romantique de Midnight in Paris, Jennifer Aniston fait de même avec un rôle de thérapeute freak qui est en phase avec celui d'Horrible Bosses. Le reste de la distribution, toujours impeccable (Kathryn Hahn, Will Forte, Rhys Ifans), est marqué de caméos souvent surprenants.
Bien entendu, tout ceci est aussi ludique que futile tant le récit ne lève jamais totalement, que la réalisation énergique manque de finition et que la description de cet univers propre à l’art de la scène n’a rien à voir avec ce que pouvaient offrir un Inarritu, un Altman ou un Cronenberg. Mais là n'était probablement pas l'objectif, qui semble davantage être de dérider gentiment et de permettre au créateur de reprendre confiance en ses moyens. Qui sait, peut-être que Bogdanovich s’attaquera bientôt à quelque chose de majeur après toutes ces années de galère.
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