14 août 2015

Nouvelles, Nouvelles ***½

Critique rédigée dans le cadre des RVCQ 2015 et remise à jour pour la sortie en salle.

Héloïse (Rose-Maïté Erkoreka) a disparu. Trois hommes gravitant autour de la femme se croisent au bar La voie lactée et y font de curieuses rencontres.

Réalisateur: Olivier Godin | Dans les salles du Québec le 14 août 2015 (La Distributrice de Films)

Complètement en marge des autres productions cinématographiques, des films comme Nouvelles, Nouvelles d’Olivier Godin sont souvent condamnés à ne jamais être distribués en salle. Heureusement, celui-ci aura la chance d’être présenté hors du cercle des festivals. Si on ne lui imaginait pas un tel avenir, il est réjouissant de savoir qu’un objet filmique tout aussi indéfinissable puisse être présenté à un large public. Pourvu que celui-ci se laisse prendre au jeu. Il trouvera alors une œuvre à part, mais parfaitement cohérente.
Le film opère en grande partie grâce à ses dialogues. Ceux-ci sont d’une poésie particulière qui multiplie constamment les idées incongrues pour trouver sa beauté tout en versant souvent dans le comique. L’écriture porte tant le film que, sur toute sa courte durée, il ne perd jamais l’intérêt en dépit d’un récit assez vague. Se trouvant quelque part entre le conte et la comédie absurde, il sert plutôt d’assise au texte et aux images que de ligne directrice. D’ailleurs, le réalisateur se soucie peu de la continuité ou du langage cinématographique classique. À plusieurs reprises le film déjouera les attentes esthétiques instaurées par le cinéma. Ceci dit, les transgressions filmiques qu’il opère ne sont pas innocentes. Avec celles-ci, Godin affirme son univers audacieux, parfois débridé, où les idées même les plus saugrenues ont plus de valeur que les règles. Ses images, tournées en pellicule avec un budget de misère, sont d’ailleurs souvent très belles. Il y a là la volonté notable de faire beaucoup avec très peu de moyens.
Tout ceci frise parfois la surdose. Le film pourrait devenir épuisant tant il ne fait aucune concession par rapport à ses idées. Heureusement, Nouvelles, Nouvelles garde le cap, ne donnant jamais l’impression de se perdre et de tomber complètement dans la folie.
C’est un objet filmique qui ne plaira pas à tous mais qui, par sa complète unicité, est mémorable.

Lire notre entrevue avec Olivier Godin
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