19 février 2016

The Witch (La sorcière)***½

Au 17ème siècle, en Nouvelle Angleterre, une famille dévote vie en bordure d'une forêt supposée maléfique.

Réalisateur: Robert Eggers | Dans les salles du Québec le 19 février 2016 (Remstar)

Attention! Nous vous fiez ni au titre, ni à l'affiche: The Witch n'a pas grand chose à voir avec la plupart des films d'horreur qui abusent de facilité et de moments convenus. Il ne ressemble pour autant pas non plus aux grandes réussites réconciliant cinéma d'horreur et film d'auteur (comme le récent It Follows par exemple), pour la simple raison que The Witch cherche plus à poser un regard réaliste sur une époque qu'à mettre de l’avant son caractère surnaturel ou horrifique. Il se déroule en effet à une période où la sorcellerie et les événements qui lui sont associés sont perçus avant tout comme une réalité. Pour restituer ce sentiment, Robert Eggers offre aux spectateurs des plans ressemblant parfois à s'y méprendre à des œuvres picturales animées (la maison en lisière de forêt, quelques scènes de repas éclairées à la bougie, etc.). En agissant ainsi (avec l'aide de son directeur de la photographie Jarin Blaschke, dont le travail est remarquable), il plonge son public vers ce qu'il connaît des témoignages visuels de l'époque, c'est à dire le travail des peintres. Il parvient ainsi à donner à son film l'aspect d'un regard le plus réaliste possible sur une époque lointaine. Pour accentuer cet aspect, le réalisateur opte de surcroît pour une direction d'acteurs très sobre (il sait aussi s'entourer de bon dresseurs: même le bouc est exemplaire!).
Au final, le film se positionne tellement entre le cinéma d’auteur et le cinéma fantastique qu’il risque d’en déstabiliser certains. Cela serait regrettable. The Witch est en effet une magnifique surprise, et un des meilleurs (et des plus beaux) films qu’il nous a été donné de voir depuis le début de l’année.
Il serait dommage de s’en priver…
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo:***½
Martin Gignac: ***½
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