10 mars 2017

Combat au bout de la nuit *½

Durant 4h45, Sylvain L'Espérance nous entraîne en Grèce aux côté de migrants, réfugiés, roms ou travailleurs exploités et confrontés à la société néolibérale.

Réalisateur: Sylvain L'Espérance | Dans les salles du Québec le 10 mars 2017

Avec Combat au bout de la nuit, Sylvain L'Espérance nous livre une œuvre fleuve dont nous ne pouvons nier le caractère ambitieux. Il cherche à nous montrer de l’intérieur les luttes de différentes catégories de populations en souffrance qui se retrouvent dans un même pays (la Grèce).
Malheureusement, Sylvain L'Espérance semble surtout ne pas trop savoir quelle direction prendre. Il prend le temps d’accompagner certains protagonistes mais en abandonne d’autres en cours de route. Surtout, il ne parvient pas toujours à conserver les moments qui comptent mais essaie d’en étirer d’autre sans pourtant parvenir à nous faire ressentir les inquiétudes, les combats ou la détresse des protagonistes qu’il filme. Les scènes de manifestations sont à ce titre particulièrement infructueuses dans leur volonté de proposer un effet immersif… et semblent pour cette raison souvent interminables.
De plus, si la volonté de donner la paroles aux exclus est légitime, la succession de témoignages dont la banalité n’a d’égal que le simplisme d’un discours incapable de prendre le recul nécessaire pour rendre compte d’une situation complexe est peu concluante. 
Au final, on se dit que tout le travail de Sylvain L'Espérance mis entre les mains d’un monteur intransigeant aurait peut-être permis d’obtenir un témoignage pertinent. Malheureusement, en étant aveuglé par son combat légitime mais maladroitement mené et par son envie de faire dans le même temps un film essai aux allures poétiques, Sylvain L'Espérance ne nous offre qu’une belle preuve de prétention.
Lorsqu’on traite d’un sujet aussi grave, une telle suffisance est malvenue… voire indécente! Malheureusement, n’est pas Gianfranco Rosi (et Fuocoammare) qui veut!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: *½
Martin Gignac: **½
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