24 mars 2017

Tuktuq ***½

Un cameraman de TV communautaire est envoyé dans le Grand Nord par le gouvernement pour filmer des instants de vie d’un village inuit. Il comprend vite qu’on attend en fait de lui un peu plus que cela.

Réalisateur: Robin Aubert | Dans les salles du Québec le 24 mars 2017 (K-Films Amérique)

Le cinéma québécois fauché ne cesse de nous donner des films passionnants tout en allant dans des directions totalement opposées… de Bestiaire à Nouvelles, Nouvelles, en passant par le Météore et maintenant Tuktuq.
Avec ce film, Robin Aubert cinéaste observe son héros (Robin Aubert acteur), mais surtout le village qu’il visite, sous forme de plans fixes cadrés avec soin et accompagnés d’une bande-son remarquable, où les sons diégétiques (ou prétendument l’être) et une musique tour à tour hypnotique, apaisante et un peu anxiogène se mêlent pour aider le spectateur à se laisser entraîner vers les images et à pénétrer un univers très éloigné de sa réalité citadine.
Une certaine lenteur, totalement assumée, vient prolonger le processus d’immersion et suffirait à faire de Tuktuq une réussite formelle. Toutefois, le film est bien plus que ça. Au fur et à mesure que le héros s’entretient avec le sous-ministre qui lui a confié son étrange mission, Tuktuq se fait plus politique tout en se teintant d’un humour noir et cynique qui ne devrait pas déplaire à Robert Morin (ce qui tombe bien puisqu’il incarne le sous-ministre!)
Le film se transforme dans le même temps en réflexion sur la force des images et leur pouvoir de manipulation. Il incite alors le spectateur, sans jamais donner l’impression de vouloir lui faire la leçon, à s’interroger sur ce qui se cache derrière le message que l’on peut faire dire aux images.
Indéniablement LE film québécois à ne pas manquer en ce début d’année.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Martin Gignac: ***½
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