Le Diable poursuit inlassablement une jeune fille sans mains auprès de ses parents puis d'un prince.
Réalisateur : Sébastien Laudenbach | Dans les salles du Québec le 18 août 2017 (Cinémathèque québécoise)
Rarement la fusion entre la forme et le fond aura été en aussi parfaite osmose que dans La jeune fille sans mains, le premier long-métrage de Sébastien Laudenbach, inspiré d'une pièce d'Olivier Py, elle-même tirée du conte des frères Grimm.
Visuellement cette animation s'apparente à un cauchemar onirique, où les fabuleux dessins à l'encre de Chine semblent littéralement respirer. Les lignes des contours apparaissent et disparaissent, créant une fulgurante poésie en mutation, devenant un véritable outil de langage qui n'a que faire du réalisme. Les dessins souvent incomplets obligent le spectateur à recoller les morceaux et si la démarche se rapproche parfois dans l'abstraction, ce n'est jamais au détriment de la narration.
Comme les images, l'héroïne continuellement en mouvement est inachevée et elle devra prendre sa place dans un univers particulièrement violent, non dénué de moments de tendresses. D'ailleurs, plus on avance dans ce récit féministe où la noirceur est abordée de façon frontale et dont la cruauté est racontée de manière douce, plus la lumière envahit l'écran.
Parfois trop ancré dans son symbolisme (vive les fluides de sang, de larmes et de lait…) et doté d'une finale plus ou moins satisfaisante, l'ensemble n'en demeure pas moins captivant. Fort des compositions d'Olivier Mellano (un fréquent collaborateur de Dominique A) et des voix parfaitement choisies (normal, Anaïs Demoustier et Jérémie Elkaïm forment également un couple dans la vie), il s'agit d'un enchantement sensuel qui ne cesse de se réinventer.
L'imagination est au pouvoir dans ce tour de force qui risque de donner la frousse aux amateurs de Disney et Pixar, les amenant dans des endroits insoupçonnés, d'une beauté étourdissante.
Décidément le genre animé de qualité est en pleine expansion cette année après La tortue rouge, Ma vie de courgette, Louise en hiver et maintenant La jeune fille sans mains.
Décidément le genre animé de qualité est en pleine expansion cette année après La tortue rouge, Ma vie de courgette, Louise en hiver et maintenant La jeune fille sans mains.
L'avis de la rédaction :
Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***
Ambre Sachet: ****½