10 novembre 2017

The Killing Of A Sacred Deer (La mise à mort du cerf sacré) ***½

Steven (Colin Farrell) est un chirurgien réputé, mari parfait de la femme idéale (Nicole Kidman) et père aimant de deux enfants délicieux. Il est même suffisamment dévoué pour prendre sous sa protection un adolescent dont le père est décédé.
Mais… il y a un mais!

Réalisateur: Yorgos Lanthimos | Dans les salles du Québec le 10 novembre 2017 (Entract Films) 

Le nouveau film de Yorgos Lanthimos commence pour le mieux... ou presque. Si le premier plan, sur une opération à cœur ouvert, ressemble à une facilité pour capter l'attention du spectateur, la suite est en effet un travail de mise en scène plutôt virtuose. Entre des plans larges à la précision clinique et les travellings dans des couloirs d'hôpital à la Shining, le cinéaste grec parvient à aller au-delà de la belle image pour faire ressentir au spectateur de poids de l'implacabilité du destin. Le jeu des acteurs incarnant les membres de la famille-modèle, volontairement presque mécanique, accentue cette impression de tragédie qui semble d'emblée condamner les protagonistes à un malheur programmée. Il semble également évident que l'élément déclencheur sera  cet adolescent trop imparfait, incarné avec une fragilité inquiétante par Barry Keoghan. Plus le film avance, plus son issue dramatique semble irrémédiable, et plus l'aveuglement de la famille trop heureuse face à la menace fascine.
Malheureusement, une fois tout cela bien installé, Lanthimos retrouve les faiblesses que nous reprochions il y a peu à The Lobster et ne sait plus comment s'en sortir (ce qui rend particulièrement surprenant le prix du meilleur scénario obtenu lors du dernier Festival de Cannes). Alors qu'il avait réussi à faire ressentir l'implacabilité du destin, le cinéaste peine à filmer sa concrétisation (c'est-à-dire l'effritement de la structure familiale tant attendue culminant avec le sacrifice annoncé dans le titre). Au final, on pourra donc, au choix, rester sur notre faim, ou demeurer subjugué par sa première moitié particulièrement impressionnante. Comme ce fut le cas pour The Lobster, nous avons choisi notre camp!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Miryam Charles: ***½
Martin Gignac: ****
Pascal Grenier: ***½
Ambre Sachet: ***
SHARE