(Réalisation : Elie Wajeman | Déjà en VOD au Québec ; au "cinéma Beaubien en ligne" depuis le 27 janvier 202 (FunFilm) |
Son précédent film, Les anarchistes, était un mix de film d'infiltration, de romance et de reconstitution historique. Son premier, Alyah, voyait se côtoyer polar, film de famille et film sentimental. Malheureusement, pour Médecin de nuit, Wajeman ajoute à ces trois derniers genres l’observation sociale et finit par se prendre les pieds dans ses fils narratifs pourtant ténus. Certes, son talent lui permet de limiter la casse, mais nous avons la constante impression que chaque intrigue annihile la force de l’autre au lieu de la renforcer (comme c’était le cas pour ses deux premiers films). Ceci est d’autant plus regrettable que le poids de la tragédie qui pèse à l’évidence d’emblée sur les épaules du personnage-titre convient parfaitement à un Vincent Macaigne, magistral en faux calme complexe qui manie le stylo et la compassion aussi bien que les coups de poing dans la gueule. Il n’est d’ailleurs pas le seul à rendre le film très fréquentable malgré nos réserves. La photo de David Chizallet (qui avait déjà signé celle de Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan) épaule parfaitement la mise en scène de Wajeman, et lui permet de recréer une vie nocturne qui nous ferait presque oublier un scénario maladroit.
Mais, probablement trop court, le film ne parvient jamais à assumer ses pérégrinations nuiteuses qui auraient pu le rendre si beau (et probablement plus signifiant)! Il faudra donc se contenter d’un film agréable, qu’on oubliera probablement vite dans sa globalité, mais dont resteront gravés un plan, un regard, une démarche, une explosion de violence Macaignienne, et la sensation renouvelée que Wajeman est un cinéaste dont il faut absolument voir les films, y compris celui-ci, notamment en raison de sa capacité à filmer les êtres avec sensibilité. On aurait toutefois envie, à l’avenir, de le voir oser une forme plus épurée ! Juste par curiosité…