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Réalisation : Monia Chokri | Dans les salles du Québec le 3 juin 2022 (Maison 4:3) |
Après un premier long métrage que nous avions globalement apprécié,
Monia Chokri est de retour avec
Babysitter. Malheureusement, nous y retrouvons une des faiblesses déjà évoquée ici même à propos de
La femme de mon frère : le sens du burlesque dont
Chokri voudrait faire preuve est très défaillant. Ainsi, les passages qui se voudraient rythmés et filmés de manière
cartoonesque tombent à l'eau, voire frôlent le ridicule. En plus de laisser le spectateur perplexe, son absence de maîtrise du comique met également dans l'embarras ses acteurs, à qui l'on demande de surjouer de manière stérile (même
Patrick Hivon, que nous apprécions pourtant grandement, est ici peu à son avantage). Mais malgré nos réserves, le film possède des qualités salvatrices. L'une d'elles est
Nadia Tereszkiewicz, qui, malgré un rôle difficile, parvient à jongler entre la grâce et le ridicule requis par son personnage. L'ambition cinématographique de
Chokri est également intéressante. En effet, en dehors des tentatives burlesques sur lesquelles nous ne reviendrons pas, la volonté de jouer les touche-à-tout cinéphiles porte souvent ses fruits. Ses emprunts, clins d'œil ou références confèrent au film un vrai charme, et certaines de ses propositions sont vraiment réussies.
Mais la plus grande qualité du film vient de son traitement du complexe et épineux sujet de la misogynie et du #MeToo. La volonté de légèreté parvient en effet à désamorcer les potentiels excès qu’un tel sujet peut susciter, et permet au film de l'évoquer en évitant nombre d'écueils.
Alors non, Babysitteur n'est pas un chef-d’œuvre, le cinéma de Chokri n'est pas aussi drôle qu’il le voudrait et est plus référentiel que totalement maîtrisé, mais son charme et l’intelligence du traitement de son sujet difficile en font un film agréable. Mineur et très imparfait, mais agréable!