29 janvier 2016

Mustang ***½

Cinq jeunes femmes turques cherchent à échapper au joug strict et traditionnel de leur oncle et de leur grand-mère.

Réalisatrice : Deniz Gamze Ergüven | Dans les salles du Québec le 29 janvier 2016. (Métropole Films)

À la surprise générale, la France n’a pas soumis aux Oscars la dernière Palme d’Or (Dheepan de Jacques Audiard). Elle a plutôt opté pour Mustang, une création moins conventionnelle réalisée par une talentueuse jeune cinéaste. Le pari risqué a été largement récompensé: le long métrage se retrouve en nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère (il n’a cependant aucune chance devant l’immense Le fils de Saul).
Cette œuvre féconde a pour sujet la jeunesse, ses possibilités et son absence de limite. Le récit filmé à fleur de peau permet à ses protagonistes d’une spontanéité et d’un naturel confondants de prendre vie devant la caméra et à la mise en scène de séduire par son aisance, renforcée par les mélodies intemporelles de Warren Ellis (dont quelques-unes proviennent directement du western mélancolique The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford). Un sentiment de liberté émane de ce film qui enchante au plus haut point.
La douce et fébrile chronique finit par se métamorphoser en drame impitoyable lorsque la famille tente de museler cette soif de vivre et de connaissance en limitant les rencontres fortuites avec les garçons et en maximisant les mariages arrangés.
À l’instar du cinéma de Jafar Panahi et de ses parties de foot réservée aux hommes, celui de Deniz Gamze Ergüven prend le pari de filmer et de dénoncer. Le résultat n’est pas aussi troublant puisqu’il s’agit de fiction et non de documentaire romancé, mais cela n’enlève rien à la beauté du geste, qui consiste à offrir toute l’attention à ses jeunes protagonistes et à faire ressortir dans une société profondément patriarcale le désir d’être femme, libre et sans attache. Leur solidarité se manifeste aisément au détour d’un opus riche de sens et terriblement touchant.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: **½
Sami Gnaba: ***
Sébastien Veilleux: ***½
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