8 novembre 2017

Cinemania 2017: L’amant double ***

Réalisateur: François Ozon

Librement adapté du roman Lives of the Twins de Joyce Carol Oates, L’amant double est surtout l’occasion pour le cinéaste français de renouer avec le thriller (la première fois depuis Les amants criminels en 1999).
Entre thriller érotique et film à suspense aux relents horrifiques, Ozon ne cache pas ses nombreuses influences: il y a un peu d’Hitchcock (dans sa construction dramatique et son maniement du suspense), pas mal de Cronenberg (dans ce jeu de faux-semblant et ce triangle amoureux à la Dead Ringers) et beaucoup de De Palma (dans sa variation sur le thème du double maléfique et sa technique hors pair comme son utilisation de l’écran divisé). Mais par-dessus tout, il y a énormément d'Ozon dans ce nouveau film du réalisateur de Frantz. On retrouve les grands thèmes obsessionnels du cinéaste comme le mensonge, le désir, les fantasmes et l’ambiguïté sexuelle de ses protagonistes.
Pour le genre, L’amant double est assez réussi. Si le scénario est parfois confus et que la finale Cronenbergienne déçoit un peu, la conduite du suspense est habile. Le film alterne entre rêves et fantasmes de son héroïne ce qui risque d’en dérouter plusieurs. Dans le rôle difficile de cette femme fragile, le mannequin Marine Vacth (également vue dans La confession de Nicolas Boukhrief) retrouve Ozon quatre ans après Jeune et jolie et s’en tire plutôt bien face à Jérémie Renier qui a tendance à forcer la note dans un double rôle moins bien écrit.
Sans atteindre la perfection des maîtres du genre énumérés plus haut et non sans lacunes, L’amant double n’est pas toujours crédible ou convaincant. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce thriller érotique stylisé et audacieux qui mêle paranoïa et folie organique.

L'avis de la rédaction :

Pascal Grenier: ***
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: **
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