26 juin 2015

Fidelio, l'Odyssée d'Alice ***½

Alice (Ariane Labed), 30 ans, travaille dans la marine marchande. Lorsqu’un mécanicien meurt sur le Fidelio, elle est appelée pour le remplacer. Elle laisse son homme (Anders Danielsen Lie, déjà vu dans Oslo, 31 août) sur la terre ferme et s’apprête à embarquer pour plusieurs mois. Elle découvrira vite que le capitaine du bateau n’est autre que son premier amour (Melvil Poupaud)

Réalisatrice : Lucie Borleteau | Dans les salles du Québec le 26 juin 2015 (Funfilm)

Décidément, le cinéma français déborde de jeune talents. Après avoir apprécié ces dernières années les premiers films de réalisateurs prometteurs comme Thomas Cailley (Les combattants), Alice Winocour (Augustine), Cyril Mennegun (Louise Wimmer), Joann Sfar (Gainsbourg, vie héroïque) ou Léa Fehner (Qu'un seul tienne et les autres suivront), nous découvrons Lucie Borleteau comme réalisatrice (nous l’avions déjà vue ici ou là comme actrice, notamment dans de délicieux La fille du 14 juillet, autre bon premier film signé Antonin Peretjatko).
Le point de départ de son film est doublement original: non seulement Fidelio, l'Odyssée d'Alice se déroule quasi intégralement sur un cargo, mais en plus, le personnage principal est une femme dans un milieu que l'on imagine surtout masculin. Cela permet à la réalisatrice de nous montrer plusieurs facettes de son talent: sens de l'espace et du cadre, capacité à passer du général (la vie sur le bateau) au particulier (les questionnements sentimentaux de l'héroïne), qualités d'écriture à mettre également au crédit de sa coscénariste Clara Bourreau (gestion du récit composé de micros événements ou interactions; dialogues), etc.
Au final, en à peine plus d’une heure et demie, Lucie Borleteau parvient à dépeindre la vie sur un cargo tout en menant une réflexion sur le couple, la fidélité, le passage du temps, l'éloignement ou le désir.
Sans être une oeuvre majeure (dans la catégorie “premier film français”, Qu'un seul tienne… ou Louise Wimmer, déjà cités plus haut, nous semblent beaucoup plus impressionnants) Fidelio, l'Odyssée d'Alice n’en est pas moins un film d'une grande maîtrise et d'une belle intelligence... tout en étant la confirmation de l'énorme talent pas assez exploité d'Ariane Labed (déjà Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine de la mostra de Venise pour Attenberg en 2010). À 30 ans, elle incarne à merveille ce personnage de femme qui se cherche encore. Nous ne doutons pas qu'elle trouvera dans la cinéma français la place qu'elle mérite, tout comme la cinéaste qui lui a offert ce beau rôle.
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