9 août 2013

Fantasia 2013: Le bilan

Après trois semaines et plus de 120 longs métrages, la 17e édition de Fantasia s’est achevée mercredi dernier avec la projection d’un grand n’importe quoi signé Sion Sono (Bad Film **, parfois à pleurer de rire, mais beaucoup trop long!).
Comme d’habitude, des conflits d’horaires ne nous ont pas permis de visionner tous les films qui nous semblaient intéressants. Ce petit bilan ne sera donc pas exhaustif, mais nous permettra tout de même de tirer quelques enseignements: d’une part, les meilleurs films ne sont pas forcement les plus attendus et d’autre part, nous n’avons pas toujours les mêmes goûts que tout le monde. Pour confirmer cette  double impression, commençons donc par les trois grosses déceptions:
- Big Bad Wolf **, considéré par Mitch Davis en personne comme un des meilleurs films de ces dix dernières années (mais également Prix Cheval Noir du meilleur film et prix du meilleur scénario), nous a laissé sur notre faim malgré un sens de la mise en scène évident et cinq premières minutes de toute beauté.
- The Broken Circle Breakdown **, probablement le film le plus attendu par votre serviteur, ne parvient jamais à maîtriser des excès mélodramatiques et une narration non linéaire qui finit par ne plus savoir où elle va. Malgré ces réserves, des qualités indéniables nous donnent cependant envie d’attendre le prochain film signé Felix Van Groeningen (déjà réalisateur de La merditude des choses) avec impatience. Le film a été classé troisième par le public dans la section internationale.
- Shield of Straw ** nous a aussi déçu, et nous comprenons maintenant mieux l’accueil très froid qu’il a reçu à Cannes cette année.
Par contre, Lesson of the Evil ***½, l’autre film signé Takashi Miike, fait partie des bonnes surprises (mes collègues du Jury Séquences et moi même lui avons d’ailleurs attribué une mention spéciale, et le film est arrivé 2e dans le classement du prix du public, section asiatique). Avec cette histoire de professeur qui massacre ses élèves, Miike retrouve certains excès de ses débuts. Pourtant, il parvient cette fois à les maîtriser parfaitement. Le carnage final est si incroyablement violent qu'il bascule rapidement du fun à l'absurde. La violence est alors montrée comme quelque chose de presque irréel, ou du moins de difficilement concevable, à tel point que chaque balle atteignant les adolescents rend leur mort douloureuse, comme si le déchirement de la chair et le jaillissement du sang nos rappelaient à l'ordre pour nous jeter au visage leur terrible sens. (lire également la minicritique ***½ écrite par Olivier Bouchard).
Si le film de Miike méritait amplement une mention spéciale, nous avons remis à l’unanimité le Prix Séquences à The Weight ****, du coréen Jeong Kyu-hwan. À aucun moment, le film ne cède à la provocation malgré des sujets difficiles (nécrophilie, transexualité, etc.). Il se veut plutôt un portrait respectueux de ses personnages (des inadaptées qui vivent dans un corps et un monde qui ne leur conviennent pas). Pour eux, le seul moyen de se libérer de leur souffrance est la mort, forcément meilleure que tout ce que peut leur offrir ce monde (dont l'absence d'espoir est parfaitement restituée par une direction photo et une direction artistique de grande qualité). Écrit, réalisé et interprété avec justesse et intelligence, The Weight est probablement le grand film de cette édition. (lire également la minicritique ***½ signée Olivier Bouchard)
Toujours dans la section asiatique, signalons également deux bons films sud-coréens: Boomerang Family *** ainsi que la comédie romantique parfois hilarante How to use guys with secret tips *** (troisième dans le classement du public, section asiatique).
La section internationale nous a également livré de très belles surprises en provenance du Québec (Thanatomorphose ***½, réalisé par Éric Falardeau, lire ma minicritique), de Croatie (Vegetarian Cannibal ***½, réalisé par Branko Schmidt, lire ma minicritique), d’Irlande (Love Eternal ***½, réalisé par Brendan Muldowney, lire ma minicritique) et des États-Unis (The Battery ***½, réalisé par Jeremy Gardner, lire ma minicritique). Comme j’ai déjà parlé de ces films ici-même, je préfère revenir brièvement sur des oeuvres dont il n’a pas encore été question:
- OXV: The Manual ***, réalisé par Daren Paul Fisher: petit délire métaphysico-philosophique particulièrement plaisant, qui est arrivé en deuxième position auprès du public dans la section internationale.
- Bad Milo ***, réalisé par Jacob Vaughan: à partir d’une histoire débile (un monstre tueur sort de l’anus d’un homme lorsqu’il est stressé et tue la cause du problème avant de retourner bien au chaud d’où il vient), le réalisateur nous offre une belle petite surprise, parfaitement rythmée, qui nous donne envie de voir un éventuel Son of Milo au plus vite!
- The World’s End: L’auteur de ces lignes ne l’a pas vu, mais Miryam Charles lui a attribué un *** et a vu dans ce nouveau film signé Edgar Wright “des dialogues incisifs, de l'action, des robots, de jolies filles, de la bière, beaucoup de bière, mais surtout de très belles performances d'acteurs”.
Malgré quelques  autres déceptions visiblement non partagées par tous (en plus de celles déjà citées, je me dois d’ajouter Halley **, Prix AQCC et You’re Next *½, Prix Écran Fantastique), Fantasia nous a donc une fois de plus offert de belles surprises en provenance d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie. On reviendra assurément l’an prochain, en croissant les doigts pour que la nouvelle salle du Théâtre Hall de l’Université Concordia soit aussi confortable que celle de l’Imperial cette année... mais on n’y croit qu’à moitié!
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