21 octobre 2013

FNC 2013: le bilan

La nouvelle édition du FNC vient de s’achever et confirme une fois de plus le fossé qui se creuse entre ce festival et le FFM. Après avoir vu une bonne dose de films (mais en laissant volontairement de côté des films très alléchants que l’on retrouvera bientôt dans nos salles: Le démantèlement, Triptyque, Gerontophilia (Grand Prix Focus du meilleur film Canadien), Tel père tel fils ou Dallas Buyers Club), nous pouvons affirmer que l’année 2013 fut un assez bon cru.
Nous avons déjà dit ici même tout le bien que nous pensons de La Grande Bellezza **** (photo), qui aurait peut-être mérité un petit quelque chose à Cannes, ou du film grecque Miss Violence ***½ qui fut pour sa part plus chanceux à Venise où il remporta l’Ours d’argent pour la mise en scène (mais également  le Prix de l’innovation Daniel Langlois à l’occasion de cette édition du FNC).
Nous avons également montré à travers différents textes la diversité et la qualité du cinéma français, qui a su à travers quatre films témoigner de sa capacité à produire un cinéma exigeant et innovant sans se laisser enfermer dans le petit ghetto parfois asphyxiant du cinéma trop ostensiblement auteurisant (relire nos minicritique de La Jalousie ***½, Les rencontres d’après minuit ***½ , Henri ***½  ou du très remarqué L’inconnu du lac ***½, mention spéciale du jury).
Par contre, nous avons été discrets envers le cinéma asiatique, qui laisse apparaître un bilan plus mitigé. Certes, la section temps 0 nous permis de découvrir un gros délire assez réjouissant signé Sion Sono (Why don’t you play in Hell ***, prix du public de la section) et un très intéressant GFP Bunny *** (qui nous interroge sur le bio-art et sur les effets de l'évolution de la science (biologie et informatique) sur le comportement social de l'homme). Par contre, les grosses pointures n‘ont pas toujours été à la hauteur de nos attentes (il est vrai très élevées). Si Stray Dogs *** (grand prix du jury à Venise cette année) est par moment sublime, il nous donne tout de même l’impression que Tsai Ming-liang confond signature et procédé. Au contraire, avec A Touch of Sin *** (prix du scénario à Cannes), Jia Zhang Ke a su faire évoluer son cinéma tout en restant fidèle à ses thématiques. Malheureusement, ses prises de risques formelles et narratives ne parviennent pas à former un ensemble suffisamment cohérent pour convaincre totalement. Cependant, le talent de ces cinéastes étant indéniables, il aurait été regrettable de passer à côté de leurs films. Cette remarque ne s’applique pas à tous. Contre l’opinion de nombreux de ses confrères, l’auteur de ces lignes aurait en effet préféré passer à côté de Our Sunhi *½ (prix de la mise en scène à Locarno cette année). À force de continuellement se copier lui même, Hong Sang-soo finit par en faire un peu trop et par en lasser certains!
Nous pourrions continuer avec d’autres déceptions: Sacro GRA **, Lion d’or à Venise cette année, en a laissé plus d’un circonspect. Histoire de ma mort (Léopard d’or à Locarno), aura quant à lui permis aux festivaliers trop boulimiques de faire une petite sieste discrète en milieu de journée, tout comme le pourtant très beau dernier opus signé Peter Greenaway, Goltzius et la compagnie du Pélican **½.
Moralement plus contestable mais non dénué de qualités, Heli **½ (Louve d’or du festival) n’a pas non plus pleinement convaincu l’auteur de ses lignes mais aura au moins le mérite de faire débattre sur les moyens à mettre en oeuvre pour représenter la violence au cinéma.
Nous ne pourrions pas terminer ce rapide survol sans nommer trois derniers films qui nous ont plu pour des raisons très variées: Tom à la ferme *** (parce qu’il permet à Xavier Dolan de se défaire de ses tics de cinéaste et d’acteur), Wrong cops *** (parce qu’un grand n’importe quoi peut être salvateur dans ce genre de rendez-vous cinématographique) et La danse de la réalité ***, (parce que ce beau film testament réalisé par le grand Alejandro Jodorowsky clôturait dignement ce 42e FNC).
Déceptions, bonne surprises, révélations et désaccords cinéphiles étaient donc une fois de plus au rendez-vous. C’est probablement pour cette raison que l’on reviendra l’an prochain!

Lire également mon entrevue avec John B. Root et Nikita Bellucci, rencontrés dans le cadre du festival.
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