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14 juin 2024

★¾ | La ligne

★¾ | La ligne

Réalisation: Ursula Meier | Dans les salles du Québec le 14 juin 2024 (Axia films)
La ligne ne démarre pas aussi bien que l'aurait probablement souhaité sa réalisatrice Ursula Meier. Dès sa séquence pré-générique, le film passe à côté de sa cible. Cette scène de violente dispute familiale, filmée au ralenti sur fond de musique classique, ressemble à une fausse bonne idée de mise en scène, en réalité sans grande force ni brio. La suite n'est pas plus convaincante, portée par des dialogues mal écrits dont les actrices semblent avoir le plus grand mal à se dépêtrer.
Heureusement, par moments, quelques instants presque réussis laissent espérer une reprise en main, mais cela n'est qu'illusion. La photographie, digne d'un morne téléfilm (pourtant signée Agnès Godard), et les personnages hautement caricaturaux (une artiste exaltée borderline, une artiste marginale, la bonne mère de famille et l'ado qui essaie de fuir en s'en remettant à Dieu) finissent par annihiler tous nos espoirs. Cette histoire de famille dysfonctionnelle avait pourtant du potentiel. De plus, la volonté de se limiter au présent, sans expliquer dans le détail les raisons de la discorde, est courageuse et permet d'éviter les pièges psychologisants.
Malheureusement, ces rares qualités ne suffisent pas à compenser les nombreuses faiblesses du film. Le manque de profondeur des personnages et la direction d'acteurs approximative plombent l'ensemble. Les tentatives de créer des moments de tension ou d'émotion tombent souvent à plat, laissant le spectateur, au mieux, indifférent, au pire, agacé.
En fin de compte, La ligne échoue à trouver son équilibre et à nous intéresser à ses personnages. Les intentions étaient louables, mais la réalisation n'est pas à la hauteur et les faiblesses finissent par prendre le dessus, faisant de ce film une déception. Ursula Meier, connue pour son talent à capturer les nuances des relations humaines, semble ici avoir manqué sa cible, nous laissant avec un sentiment de potentiel inexploité et de frustration.

28 juillet 2023

★★ | Le parfum vert

★★ | Le parfum vert

Réalisation: Nicolas Pariser | Dans les salles du Québec le 28 juillet 2023 (K-Films Amérique)
Quelques années après son très réussi Alice et le maire, Nicolas Pariser nous revient avec un film d’espionnage pour rire, truffé de références hitchocko-tintinesques, qui nous déçoit cependant rapidement. Les intentions avaient pourtant tout pour nous plaire et le mélange référentiel avait tout pour nous séduire, mais la mise en scène et le scénario de Pariser ne sont pas à la hauteur. Jamais en effet il n’arrive à insuffler à l’ensemble assez de fantaisie et de légèreté pour nous donner envie de partir à ses côtés dans un univers improbable, et donc… rien de ce qui nous est proposé n’est jamais plausible, ce qui nous éloigne du film, des enjeux, des personnages, de la proposition. Pire, Pariser se permet des incartades totalement hors-sujet (le dialogue autour d’Israël) et une histoire d’amour sans charme (n’est pas Hitchckock qui veut… ce que semblait savoir Hergé ; Pariser aurait dû suivre l’exemple belge). Même le dénouement, dont la petite fantaisie naive avait tout pour plaire, tombe à plat en raison de l’incapacité du cinéaste à voir su nous plonger dans l'état d’esprit d'un jeune de 7 à 77 ans heureux d’avoir vu un couple de sympathiques paumés sauver le monde grâce à un mélange de persévérance et de hasard éolien.
Heureusement, il reste le souvenir de deux acteurs que l’on aime beaucoup (Kiberlain / Lacoste), dont le talent n’a rien à voir avec l’improbabilité du couple fictif qu’ils forment.
Mais lorsqu'un cinéaste veut faire retourner le spectateur en enfance, il faut du talent. Sinon, ledit spectateur risque de se transformer en gamin capricieux, le jour de Noël, à la fois triste et boudeur après avoir découvert que le paquet tant convoité enfermait un cadeau qui ne lui convenait pas.

2 février 2023

★★★★ | Close

★★★★ | Close

Réalisation : Lukas Dhont | Dans les salles du Québec le 3 février 2023 (Sphère Films)
Léo et Rémi partagent une amitié inébranlable, une amitié tendre que l’on découvre par des prises de vues délicatement filmées, des gros plans sur les personnages qui nous donnent l’impression d’être immergés dans leur monde. Nous sommes avec Rémi et Léo dans tous les instants. Leurs jeux, leurs rires, les repas partagés nous présentent une vie quotidienne d’adolescents.
Les deux amis ont des personnalités différentes. D’une part Léo parle plus, est charismatique, a une imagination florissante et aime pratiquer le hockey. D’autre part Rémi est calme, silencieux presque effacé, préfère le hautbois au sport de contact. Malgré leur conception différente de la vie, ils restent inséparables. À tel point qu’un jour des camarades se moquent d’eux à la cantine de l’école en demandant s’ils sont amoureux. Ces paroles anodines provoqueront un détachement graduel de la part de Léo.
À partir de ce moment, on voit un glissement : Léo se détache et Rémi en souffre beaucoup sans explicitement exprimer sa détresse. Le cinéaste cerne avec subtilité l’éloignement qui se crée entre les deux amis et nous permet de deviner à travers le jeu juste et délicat des jeunes acteurs comment chaque personnage vit cet effritement. La grande souffrance ressentie par Rémi devient palpable lors d’une scène autour d’un repas de famille. Sans un échange de paroles, on comprend que Rémi ne va pas bien. C’est cette capacité du cinéaste à partager avec nous la souffrance qui émeut (les plans sur les yeux, ceux avec l’apparition des larmes, etc.).
Un drame, vibrant témoignage sur la fragilité de l’amitié, surgira. Mais une des forces de Lukas Dhont est de parvenir à nous montrer avec justesse que les épreuves de la vie peuvent être sources de résilience. Cela fait de Close un film bouleversant.

20 mai 2022

★★★ | Les Intranquilles

★★★ | Les Intranquilles

Réalisation : Joachim Lafosse | Dans les salles du Québec le 20 mai 2022 (Axia films)
Joachim Lafosse
avait déjà observé un couple qui se déchire sous les yeux de ses enfants dans le très bon (mais non exempt de faiblesses) L’économie du couple. Il reprend ici ces éléments, mais en modifiant le sujet central (qui est ici la bipolarité du personnage masculin).
On retrouve avec Les Intranquilles ce qui fait la force du cinéma de Lafosse (une grande justesse dans l’observation de ses personnages, des acteurs toujours impeccables), mais également ce sempiternel sentiment que chacun de ses films est amoindri par des faiblesses plus ou moins majeures. Une nouvelle fois, c’est dans le développement du scénario que se trouve la faille. Lafosse donne pourtant l’impression de vouloir développer son film par petites touches, de manière progressive. Mais très vite, il fait du sur-place en insistant sur certaines évidences, comme s’il réalisait plus un film consacré à un sujet fort (la maniaco-dépression) qu’un film focalisé sur ses personnages et ce qu’ils vivent (ce qui est justement, pour nous, le meilleur moyen de parler d’un sujet fort!). Même si on peut comprendre la volonté du cinéaste de montrer le caractère implacable (et répétitif) de la situation, l’évolution du récit est de plus en plus démonstrative et semble ainsi de moins en moins naturelle. Ce penchant récurrent chez Lafosse vers le film dossier fait une nouvelle fois de l’ombre à ses personnages. Comme il les filme à merveille (et qu’il semble les aimer tout autant, avec leurs faiblesses et leurs contradictions), on ne peut s’empêcher de se dire à tout moment qu’on passe à côté de quelque chose qui aurait pu être bien plus grand. Mais ce qui exacerbe ses faiblesses est aussi paradoxalement sa force, et c’est aussi grâce aux personnages que le film trouve son salut. Ils sont si attachants, si bien incarnés (Damien Bonnard et Leïla Bekhti sont exemplaires), que l’on peut aussi choisir de faire fi des maladresses scénaristiques!
Le film mérite donc bien évidemment d’être vu. On aurait juste envie qu’un jour, les scénarios des films de Lafosse deviennent aussi délicats que ses mises en scènes et directions d’acteur!

4 mars 2022

★★¼ | Un monde

★★¼ | Un monde

Réalisation: Laura Wandel | Dans les salles du Québec le 4 mars 2022 (Maison 4;3)
Sur le papier, ce premier long métrage de la réalisatrice Belge Laura Wandel propose un pitch des plus prometteurs : une incursion à hauteur d’enfant dans le monde du harcèlement et de l’intimidation dans le milieu scolaire. En cadrant sa caméra sur la jeune Nora et à sa hauteur, la réalisatrice y va d’un procédé cinématographique qui tourne rapidement au parti pris esthétique. Ainsi pour isoler du monde sa jeune héroïne, elle la suit pas à pas tandis que le reste de l’environnement qui l’entoure est majoritairement flouté. Certains vont devenir plus clairs selon le degré d’implication et d’importance aux yeux de la petite Nora, d’autres vont rester dans l’ombre pendant toute la durée du film. S’ensuit une série de scènes répétitives qui, au lieu d’ajouter une réelle dimension psychologique au propos, ne font que le desservir en raison de la vision de la cinéaste qui fait basculer Un monde vers le film à thèse.
Certes, la jeune Maya Vanderbeque est criante de vérité et les dispositifs stylistiques et dramatiques employés par la réalisatrice (gros plans, ambiance sonore) confèrent au film un style proche du documentaire immersif. En revanche, on a l’impression de regarder un long court métrage qui manque de contrepoids dans son propos appuyé. Il ne suffit pas de pointer du doigt des problèmes actuels et de se positionner à hauteur d’enfant pour qu’on en comprenne pour autant les enjeux.
Au final, Nora a besoin de tendresse et d’un câlin pour faire face à un monde cruel auquel elle est confrontée tous les jours. Voilà la seule solution proposée par la cinéaste au bout de ces 72 très longues minutes.

12 novembre 2021

★★½ | Boîte noire

★★½ | Boîte noire

Réalisation Yann Gozlan | Dans les salles le 12 octobre 2021 (TVA films)
Boîte noire, du réalisateur Yann Gozlan, prend plaisir à opposer l’urgence d’un écrasement d’avion à la minutie de l’enquêteur chargé de découvrir ce qui s’est réellement passé. Il en résulte un film au rythme lent qui nous tient en haleine du début à la fin. La mise en scène est à l’image du personnage principal incarné avec brio par Pierre Niney. L’acteur interprète avec nuance un antihéros qui, dans des circonstances bien nébuleuses, sera chargé d’une enquête. Il nous est présenté comme un être antisocial, quelque peu arrogant, frôlant peut-être les limites du génie, à la recherche bien malgré lui de la vérité absolue. Cette recherche de vérité, ou ce besoin obsessionnel d’avoir raison, sert bien le récit. Dans la tête du héros, la ligne est mince entre le besoin de justice et les théories du complot. En ce sens, le scénario brouille habilement les pistes, en multipliant les suspects et les causes de l’écrasement d’un avion dans les Alpes. La source audio de la boîte noire est endommagée. Cet extrait audio qui sera repris plusieurs fois durant le film nous laisse entrevoir une vérité sans jamais parvenir à l’atteindre.
En jouant sur une probable paranoïa et sur le passé trouble de notre enquêteur, la mise en scène à la structure classique s’appuie énormément sur le travail du son. On regarde, mais surtout on est attentif à l’environnement sonore. Le personnage principal est doté d’une faculté particulière ou d’une condition médicale (ce n’est jamais précisé): il peut déceler des fréquences sonores que le commun des mortels ne pourrait saisir. Il excelle dans son domaine. Nous restons donc à hauteur (ou à oreille) du personnage principal qui s'enlise graduellement dans les multiples causes probables de l’écrasement.
Avec un film d’une durée d’un peu plus de deux heures, le dernier acte est toutefois décevant. Après avoir pris tout ce temps pour nous présenter une intrigue solide, on se précipite vers la finale à la vitesse de l’éclair. On boucle toutes les boucles et on finit par découvrir toute la vérité et encore plus. Il est dommage de constater que le film ne nous permet pas de tirer nos propres conclusions. La justice et la droiture finiront par l’emporter. Cela n’empêche pas de bouder son plaisir. Boîte noire demeure une œuvre divertissante qu’on prend plaisir à regarder et surtout à écouter.

10 septembre 2020

★★★ | Lola vers la mer

★★★ | Lola vers la mer

Réalisation: Laurent Micheli | Dans les salles du Québec le 11 septembre 2020 (Axia Films)
Les Lola ont toujours un destin unique au cinéma, surtout si elles sont imaginées par Von Sternberg, Ophuls, Demy ou Fassbinder. Elles sont sources de mystère, se dérobant au regard des autres. Dans Lola Pater de Nadir Moknèche, un père devenait mère. L'histoire se répète à l'envers pour Lola vers la mer alors qu'une fille transgenre envisage la chirurgie, au grand dam de son paternel.
Le premier plan de ce film belge — comme l'extraordinaire Girl de Lukas Dhont, qui racontait une histoire similaire en marquant davantage les esprits — impose rapidement son style, son sujet. Un corps flou apparaît à l'écran, sur fond de musique pop et de ralentis. On se croirait presque dans un long métrage de Xavier Dolan. D’autant plus que les dialogues, ravageurs, ne manquent pas d'incision, de violence. Maman vient de mourir et la famille est en lambeaux. Les maux sortent des mots, détruisant tout sur leur passage. Ses cendres sont encore chaudes et il faut les répandre pour le bien-être de son âme. Et celles des vivants.
Pour ce faire, il n'y a rien de mieux que le road-movie. Celui qui se veut initiatique et didactique. Lola vers la mer est le second film de Laurent Micheli (Even Lovers Get The Blues) et cela ressemble souvent à un premier effort, avec sa part de maladresses et d'envolées poétiques. Tout est au fil du rasoir, à la fois son écriture qui fait oeuvre utile en traitant un sujet important et dans l'ère du temps de manière intime et politique, que la portée symbolique de ses images. Non seulement l'héroïne évolue dans un format de ratio 4/3 qui l'isole, mais les métaphores climatiques et le rôle de la lumière soulignent constamment ce qui se passe. Jusqu'à une conclusion qui se déroule comme toujours sur la plage, lieu par excellence de la transformation et du changement. Par ses ellipses vers le monde de l'enfance et son discours final, le récit est toujours à un doigt de verser dans le pathos. Il s'y refuse heureusement et ce n'est pas nécessairement grâce à la musique, appuyée lorsque la mélodie se veut instrumentale et instrumentée lorsque les voix se font entendre par Culture Club, 4 Non Blondes et Antony and the Johnsons: trois artistes évidemment queers.
Appliqué mais non sans clichés, l'ensemble est porté par deux excellents comédiens. La nouvelle venue Mya Bollaers en impose dans le délicat rôle principal. La jeune actrice transgenre sait être à la fois implacable et vulnérable, laissant son corps parler et décimer les préjugés. Devant elle se dresse Benoît Magimel en père badaud en apparence imperturbable, dont les forces seront rapidement fragilisées. L'interprète vieillit comme le bon vin et il offre une prestation de haut calibre, parmi les meilleures de sa filmographie.
C'est grâce à ce duo de choc que le film s'avère juste, laissant le manichéisme d'usage au vestiaire afin d'embrasser une réelle thérapie familiale qui, sans surprendre outre mesure, offre un bon moment de cinéma.
★★ | Jumbo

★★ | Jumbo

Réalisation: Zoé Wittock | Dans les salles du Québec le 11 septembre 2020 (AZ Films)

Vu dans le cadre du festival Fantasia 2020

Jeanne (Noémie Merlant), jeune femme à la timidité maladive étouffée par une mère particulièrement extravertie (Emmanuelle Bercot), est gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Son supérieur (Bastien Bouillon) s’intéresse respectueusement à elle... mais elle n’a d’yeux que pour un manège, dont elle tombe éperdument amoureuse. Le point de départ ressemble à celui d’une comédie loufoque, mais il n’en est rien. Jumbo nous entraîne en effet dans un imaginaire propre à la rêverie, visuellement très soigné. Un manque de personnalité dans la mise en scène et quelques excès de fausse originalité se font certes sentir, mais le point de départ est prometteur. Malheureusement, ce fil narratif s’étiole rapidement, il est vrai peu aidé par des dialogues et des situations laissant plus de place au ridicule qu’au charme. Si nous souhaitons malgré tout rester indulgent, la tâche devient difficile lorsque le film bascule vers le drame familiale maladroit qui le transforme en projet définitivement trop ambitieux pour une cinéaste/scénariste qui finit par se faire écraser par sa proposition.
Techniquement irréprochable, posant de manière originale des questions pertinentes sur la santé mentale, la normalité ou le rôle joué par les proches, ce premier long-métrage aurait probablement mérité un meilleur sort. Souhaitons à Zoé Wittock de canaliser ses ambitions futures (et/ou d'avoir recours à un coscénariste talentueux). Peut-être serons nous agréablement surpris!

27 août 2020

Fantasia 2020 | ★★★ | Hunted

Fantasia 2020 | ★★★ | Hunted

Réalisation: Vincent Paronnaud

Avec Hunted, Vincent Paronnaud (auteur de BD sous le pseudo Winshluss, mais également coréalisateur de quelques films avec Marjane Satrapi, dont Persepolis) offre au public de Fantasia un film qui aurait probablement beaucoup fait s’exalter l’habituel public très participatif du festival. La Covid permettra donc au moins aux grincheux que nous sommes d’apprécier le film dans l'environnement calme de notre intérieur. (Même si, avouons-le, il aurait aussi mérité d’être vu sur un grand écran en raison de ses qualités visuelles!)
Certes, le point de départ est sans surprise: un homme séduit une femme, ils passent à la vitesse supérieure mais l’homme est plus inquiétant que prévu, la femme s’enfuit et la chasse commence. Mais ici, au-delà des qualités requises par le genre survival pour que le film soit réussi, on retrouve certains éléments particulièrement intéressants. Non seulement Vincent Paronnaud parvient à conférer à son film une dimension sociétale grâce aux différents portraits qu’il dresse avec justesse, mais en plus, il donne à Hunted une dimension toute particulière en inversant certains thèmes de conte de fées. Le grand méchant loup n’est en effet pas le loup, mais l’homme. D’ailleurs, les humains qui cherchent à aider la femme en détresse n’y parviennent pas et le salut viendra de la bête. Cette spécificité permet à Paronnaud de sortir des codes du genre de manière cohérente en faisant jouer à la nature un rôle protecteur. En découleront quelques scènes de forêt nocturnes, à la limite de l’onirisme ou du surnaturel, visuellement très convaincantes.
Efficace, mais pas uniquement, Hunted est donc une belle petite surprise de la part de Paronnaud... Vivement son prochain film en solo!

10 juillet 2020

★★★ | Le jeune Ahmed

★★★ | Le jeune Ahmed

Réalisation: Jean-Pierre et Luc Dardenne | Dans les salles du Québec le 10 juillet 2020 (Maison 4:3)
Les frères Dardenne étaient de retour à Cannes l’an dernier avec Le jeune Ahmed, et repartaient une nouvelle fois avec un prix. Il s’agissait cette fois du prix de la mise en scène. Nous n’essaierons pas de savoir si le film méritait vraiment ce prix, mais une chose est sûre : la mise en scène constitue en effet sa principale qualité. Une nouvelle fois attentive aux gens, à leurs interactions, à leurs gestes, elle permet de comprendre en quelques plans un milieu social, des personnages secondaires, mais surtout ce jeune Ahmed, personnage principal omniprésent et attachant malgré ses actes. Si nous regrettons cependant quelques effets (il est vrai rares mais dispensables), nous devront admettre qu’ils sont négligeables à côtés de ces qualités d’une part... mais également des faiblesses du scénario d’autre part. Les (nombreux) admirateurs inconditionnels des Dardenne y verront probablement ce qu’ils aiment. Les spectateurs plus réservés à l’égard de leur cinéma (votre serviteur, par exemple) y retrouveront au contraire leurs travers. Sous couvert d’un discours social inattaquable, les cinéastes continuent à en dire trop là où la puissance de leur mise en scène aurait été suffisante, tout en simplifiant certains enjeux qui auraient mérité d’être traités avec une plus grande finesse.
À ce titre, le thème de la manipulation qui mène à la radicalisation n’est peut-être pas le mieux traité, et certains raccourcis sont aussi préjudiciables que certains détails superflus. Par contre les Dardenne touchent leur cible lorsqu’il s’agit de parler de l’adolescence et de la difficulté à intégrer la complexité du monde qui nous entoure. C’est probablement ce dernier point qui fait au final la qualité du Jeune Ahmed, et qui lui permet de convaincre, malgré ses maladresses...

30 avril 2019

★★★½ | Girl

★★★½ | Girl

Réalisé par Lukas Dhont | Pas de sortie en salle au Québec — Disponible en VSD
Après avoir remporté la Caméra d'Or à Cannes en 2018, Girl n'est pas sorti en salle au Québec et a dû se contenter d'une sortie en ligne via la plateforme Netflix. Nous ne reviendrons pas ici sur cette pratique qui empêche les non-abonnés de visionner une œuvre qui mériterait d'être vu par un plus grand nombre, mais nous nous contenterons de parler du film!
Et soyons clairs, il possède de grandes qualités. Avec sa première œuvre, le jeune cinéaste belge Lukas Dhont confirme en effet la bonne santé de sa cinématographie nationale. D'une part, le sujet est ambitieux: une jeune femme née dans un corps de garçon doit faire face à la transformation trop lente de son corps, tout en lui faisant subir des entraînements éprouvants (elle souhaite devenir danseuse étoile). D'autre part, et c'est le plus important, l'ambition ne se transforme jamais en prétention incontrôlée grâce au talent et à la sensibilité de Lukas Dhont et de son coscénariste Angelo Tijssens. Avec une maîtrise impressionnante, ils parviennent à aborder de nombreux sujets (le changement de sexe, le passage à l'âge adulte, la poursuite d'une passion (la danse)) tout en donnant naissance à des personnages secondaires qui ne se limitent pas aux rôles de simple faire-valoir, et tout en évitant de sombrer dans certaines facilités dans le traitement des relations avec le père / le voisin / les camarades de classe / les professeurs, etc. Dhont a tellement confiance en son sujet, en son personnage principal (interprété par le magnifique Victor Polster) et en ses qualités de cinéaste qu'il n'a pas besoin d'attirer artificiellement l'attention du spectateur avec de potentielles dérives mélodramatiques interpersonnelles qui se seraient vite transformées en écueils. Tant mieux pour nous!
Certes, le rebondissement final ne nous semble pas à la hauteur du reste… mais la dernière miniséquence de déambulation dans un couloir de métro, simple et belle comme son héroïne, nous la ferait presque oublier.

30 août 2018

★★★ | Nico, 1988

★★★ | Nico, 1988

Réalisé par Susanna Nicchiarelli | Dans les salles du Québec le 31 août 2018 (EyeSteelFilm)
En s’attardant sur les deux dernières années de la vie de Nico, la réalisatrice renverse consciemment l’attente créée par le format biopic. La chanteuse allemande, Christa Päffgen de son vrai nom, est alors loin de sa carrière de mannequin ou de sa collaboration avec The Velvet Underground. À la fin de sa quarantaine seulement, Nico voit déjà la fin et s’efforce d’être en paix avec un passé ultimement irréconciliable.
C’est pourtant sur des images d’enfance que Nicchiarelli ouvre son film : Christa, en Allemagne, voit au loin Berlin qui brûle. C’est la fin de la guerre qui n’annonce rien de bon. La thèse est placée : la chanteuse vit toujours dans l’appréhension, dans la peur de la souffrance à venir, mais c’est aussi cette impression qu’elle essaiera éternellement de recréer dans sa musique. Dans le film, Nico évoque même qu’elle n’aurait jamais été heureuse «alors qu’elle était belle», dans ce qu’on considérerait probablement comme ses meilleures années.
Formellement, Nico, 1988 prend la forme d’un road movie assez confus. Voyageant avec sa troupe pour une dernière tournée, les péripéties que la chanteuse rencontre ne forment pas, a priori, de ligne directrice. Le film ne tient seulement qu’à la présence de son personnage principal. Loin de vouloir l’élever au rang de mythe, Nicchiarelli la présente à son plus vulnérable et, souvent, à son plus détestable. Jouée avec abandon par Trine Dyrholm, qui réinterprète des morceaux de la chanteuse avec un mimétisme frappant, Nico est un personnage foncièrement antipathique.
L’ensemble prend en quelque sorte une forme épisodique dont l’intérêt varie grandement. Le tempérament imprévisible du personnage principal est souvent exploré sans toutefois arriver à un résultat probant. Les scènes de crises deviennent rapidement répétitives et, sans ligne directrice pour les soutenir, mènent rapidement nulle part. Le film prend un peu de forme alors que Nico commence à renouer avec son fils, mais le point narratif, même s’il apporte de beaux moments, est trop peu approfondi pour prendre complètement forme.
Malgré son caractère confus, Nico, 1988 réussit en tant que portrait impressionniste de son personnage. Nicchiarelli évite les poncifs structurels des biopics. Il n’y a pas, dans son film, d'ascension vers la gloire avant la descente dans l’oubli. Lorsque, dans des flash-backs, Nico est présentée à son sommet, c’est à partir d’images filmées par Jonas Mekas. L’avant-gardiste filmait déjà le présent comme un souvenir éphémère. Nicchiarelli dans son film fait un contrepoint à l’histoire qui tend à différencier la chanteuse lors de sa gloire et après celle-ci. Le film ne s’attarde que sur la fin de sa vie mais démontre que dans toute celle-ci, Nico était une figure tragique qui imposait l’admiration malgré l’antipathie qu’elle inspirait.

9 mars 2018

17 novembre 2017

Le Fidèle ***

Le Fidèle ***

Critique publiée à l'occasion du festival Cinemania 2017

Gigi (Matthias Schoenaerts) et Bibi (Adèle Exarchopoulos) sont passionnément amoureux, mais il lui cache qu’il est en fait criminel de métier. Leur passion est testée alors que son secret s’effrite après un coup raté.

Réalisé par Michaël R. Roskam | Dans les salles du Québec le 17 novembre 2017 (Métropole Films Distributions)

5 mai 2017

31 mars 2017

Noces ***½

Noces ***½

Zahira Kazim - jeune lycéenne belgo-pakistanaise - se heurte aux traditions du mariage dès lors qu’on lui impose de choisir un époux pakistanais via Skype.

Réalisateur: Stephan Streker | Dans les salles du Québec le 31 mars (K-Films Amérique).
L’économie du couple ***½

L’économie du couple ***½

Texte publié dans le cadre du festival Cinémania 2016, et légèrement remanié.

Un homme et une femme en instance de séparation se déchirent sous les yeux de leurs enfants.

Réalisateur: Joachim Lafosse | Dans les salles du Québec le 31 mars 2017 (Axia)

9 décembre 2016

La fille inconnue ***½

La fille inconnue ***½

Texte écrit dans le cadre du festival Cinemania 2016

Jenny, une jeune médecin généraliste (Adèle Haenel) culpabilise de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune femme retrouvée morte quelques heures plus tard. Elle fera tout pour retrouver l'identité de la jeune femme afin qu'elle ne soit pas enterrée anonymement!

Réalisateurs: Luc et Jean-Pierre Dardenne | Dans les salles du Québec le 9 décembre 2016 (AZ Films)

6 novembre 2016

Cinemania 2016: Les premiers, les derniers ***½

Cinemania 2016: Les premiers, les derniers ***½

(Réalisateur: Bouli Lanners)

Avec son quatrième long métrage de fiction, Bouli Lanners reste en partie dans la continuité des Géants. Nous retrouvons en effet ici son goût pour l’errance, pour les êtres vulnérables livrés à eux-mêmes ou pour la transposition en Europe d'une certaine idée de l'Amérique.

30 septembre 2016

Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children (Miss Peregrine et les enfants particuliers) ***

Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children (Miss Peregrine et les enfants particuliers) ***

À la mort de son grand-père, Jacob (Asa Butterfield) se voit transmettre un secret. En voulant en savoir plus, il se retrouve dans l’étrange demeure de Mademoiselle Peregrine (Eva Green) qui accueille des enfants aux pouvoirs particuliers.

Réalisateur: Tim Burton | Dans les salles du Québec le 30 septembre 2016 (20th Century Fox)