20 octobre 2014

FNC 2014: Le bilan

Test, d'Alexander Kott
La 43e édition du FNC aura commencé de manière bien étrange en raison principalement de la dispersion inhabituelle des salles. Les distances saugrenues ont eu un impact sur nos programmes, nous ont incité à faire certaine impasses et, il faut bien l'avouer, à limiter la ferveur et la petite impression de participer à un marathon cinéphile (surtout si on ajoute le fait que certaines projections ont été annulées au dernier moment!).
Au final, cette édition était donc moins épuisante que les précédentes... mais aussi, il faut bien l’admettre, beaucoup moins excitante. Cette conclusion est d'autant plus regrettable qu'au niveau des films vus, le bilan est plutôt positif.
Certes, beaucoup l'ont regretté en début de festival, il y avait des absents, mais cela n’était pas dramatique. Non seulement ces absents seront distribués sous peu... mais en plus, il y avait quand même du beau monde au programme. Du côté des avant-premières, des grands noms comme Godard (Adieu au langage), Dumont (P'tit Quiquin), Cronenberg (Maps to the Stars, mettre lien), Wenders  ou des films très apprécies comme The Tribe ou L'enlèvement de Michel Houellebecq étaient présents.
Mais ce qui nous intéresse le plus dans un festival comme le FNC, c'est la possibilité de voir des films qui ne sont pas encore achetés par des distributeurs québécois (du moins à notre connaissance) et qui ne seront peut être plus jamais visibles en salle à Montréal. Dans cette catégorie, nous devons reconnaître avoir été servis. Nous avons déjà parlé ici-même de Test, une des plus belles surprises de ce festival, de Tokyo Tribe, film déjanté et jouissif signé Sion Sono, de The Tale of the Princess Kaguya, film d’animation comportant une des plus belles scène vue cette année au cinéma ou encore de Near Death Experience (NDE)deuxième très bon film du festival avec le non-acteur Michel Houellebecq... mais d'autres oeuvres intéressants étaient également proposés aux festivaliers. Les plus attendus n'étaient peut-être cependant pas les meilleurs (Bande de filles, qui ne semble pas savoir s’il fait le portrait d’une adolescente ou d’un groupe; Mange tes morts, assez surévalué; Ana Arabia, film / plan séquence à l’intérêt très limité signé Amos Gitaï), mais d'autres n'étaient pas dénués de charme.
Parmi les grands noms, citons Im Keller / In the Basement (Ulrich Seidl), même si son aspect exercice de style finit par nuire à la porté sociologique de son message, Incompressa, d'Asia Argento (qui ne s’est pas encore fait véritablement un prénom dans le domaine de la mise en scène, mais qui confirme tout le bien qu’on pensait d’elle) ou Cavalo Dinheiro de Pedro Costa, vu par Sami Gnana (qu’il juge “d’une sidérante beauté”, même s’il n’a pas été touché autant qu’il l’aurait souhaité).
Ce n'est pas tout. Le grand plaisir d’un festival, c'est probablement avant tout de découvrir de nouveaux talents. Nous fûmes servis avec des films certes imparfaits, mais témoignant de la vitalité du cinéma mondial. Sami Gnaba a apprécié Le Challat de Tunis (de Kaouther Ben Hania), «un premier film tunisien intelligent et courageux, oscillant entre documentaire et fiction, qui s'interroge sur la place de la femme dans la société tunisienne d'aujourd'hui». J’ai été pour ma part sous le charme de Vincent n’a pas d’écailles (de Thomas Salvador), premier film prometteur d’un metteur en scène français à l’univers singulier; Something must Break (d’Ester Martin Bergsmark) , qui aborde le difficile sujet des transgenres avec une sensibilité et une intelligence rares; The Special Need (de Carlo Zoratti) qui brouille les cartes entre documentaire et fiction pour parler d’un autre sujet à risque (l’envie de sexualité chez les déficients intellectuels) ou encore Nouvelles, Nouvelles d'Olivier Godin, qui ne ressemble à rien d’autre qu’à un film d’Olivier Godin, et que nous espérons revoir bientôt en salles… s’il en trouve qui acceptent de le suivre dans son univers!
Comme tous les ans, il y avait donc des déceptions (mais nous préférons être déçus devant un film trop attendu que ne pas avoir la chance de le découvrir) mais aussi beaucoup de surprises. Alors oublions les couacs des projections annulées pour ne penser qu’à une chose: vivement l’an prochain... en espérant que les petits désagréments de cette année ne se reproduisent plus!
SHARE