4 août 2016

Fantasia 2016: Le bilan

Prix Séquences pour We Are The Flesh
Après trois semaines intensives, le Festival Fantasia vient de prendre fin. Le moins que l’on puisse dire est que cette 20e édition fut une réussite, même si nous avons envie de commencer cet article par nos sources d'agacement à propos de certaines programmations trop tardives ou d'un choix de salles pas toujours pertinent! Heureusement, la qualité des films sélectionnés nous a vite fait oublier ce double reproche.

Non seulement en effet nous avons eu droit à un film vraiment majeur (We Are The Flesh / Tenemos la carne, qui a obtenu le Prix Séquences remis par un jury auquel j’avais le plaisir d’appartenir) mais en plus, les films les plus réussis étaient d’une diversité de styles et d’origines très appréciable.

En plus du très bon film mexicain d'Emiliano Rocha Minter, nous avons en effet pu apprécier un thriller japonais brillamment réalisé par Kiyoshi Kurosawa (Creepy, Prix de la mise en scène), une critique sociale polonaise aux allures de film de possession (Demon. de Marcin Wrona), un délire Miikien pour une fois parfaitement maîtrisé (As the Gods Will), un très bon film d’action hong kongais sans action (!) signé Johnnie To (Three), un petit film américain sur l’adolescence imparfait mais débordant de qualités (Teenage Cocktail, de John Carchietta), ainsi qu’une sorte de conte de fées horrifico-musical polonais (The Lure, Prix spécial du jury), qui mérite ici un développement particulier:
Prix spécial du jury pour The Lure
The Lure ***½ : Premier film réalisé par Agnieszka Smoczynska, dont nous entendrons probablement encore parler à l'avenir, cette oeuvre qui se situe entre la fantaisie pop, la romance et la comédie musicale ne ressemble pas à grand-chose de connu. Les choix de mise sont toujours pertinents et ses excès ne noient jamais les émotions... par contre, certaines scènes musicales donnent parfois l'impression de servir de béquille pour continuer à charmer le public à tout prix (ce qui semblait inutile). Malgré un dosage imparfait, cette grosse prise de risque témoigne surtout d'un vrai talent!

Au-delà de ces coups de cœur personnels, il convient de revenir également sur quelques films *** dont il n’a pas encore été question sur Cinéfilic, mais qui méritent également une mention:
* Psychonauts, The Forgotten Children (Alberto Vázquez et Pedro Rivero). Ce film espagnol a obtenu à juste titre le Prix Satoshi Kon du meilleur long métrage d’animation. Cependant, malgré ces qualités graphiques indéniables, nous regrettons certaines faiblesses d’écriture… Sans elles, il aurait probablement pu être un très grand film.
Prix Cheval Noir du meilleur film
* Train to Busan (Yeon Sang-ho). Le film a obtenu le Prix Cheval Noir du meilleur film… ce qui nous semble un peu excessif. Par contre, nous devons admettre qu’il s’agit d’un film d’action d’une grande efficacité!
* Aloys (Tobias Nölle). Ce film suisse aurait pu ressembler à un film prétentieux et maniériste si une petite touche d’humour parfaitement dosée n’était pas parvenue à lui conférer le ton juste.
* I Am Not A Serial Killer (Billy O'Brien): Ce bon petit film américain réussit malgré quelques faiblesses à mélanger drame, comédie noire, thriller et fantastique horrifique avec un certain talent!
* In a Valley of Violence (Ti West): Ce western à la fois très drôle et très violent parvient à ne pas ressembler à du sous-Tarantino… ce qui est déjà un exploit en soi.

En dehors de ces films, d’autres ont particulièrement convaincu mes collègues de Cinéfilic présents au festival.
Prix AQCC pour The Wailing
Ce fut notamment le cas pour le film coréen The Wailing (Na Hong-jin), qui a beaucoup plu à Martin Gignac (il lui a d’ailleurs remis le Prix de l’Association québécoise des critiques de cinéma en tant que président du jury), ou Psycho Raman, réalisé par le décidément très talentueux réalisateur indien Anurag Kashyap, dont nous avons déjà apprécié Ugly il y a deux ans.

Pour sa part, Olivier Bouchard a beaucoup aimé I, Olga Hepnarová (encore un film polonais, lui aussi remarqué grâce à la section Pleins feux sur le cinéma de genre polonais) et le film iranien Under The Shadow, dont il a déjà été question ici même… Il a également succombé  au charme de The Love Witch, «pastiche des films érotiques des années 70 qui subvertit intelligemment les clichés pour un résultat souvent très drôle» selon lui, même si «le film s'essouffle rapidement, soutenant très difficilement sa durée de deux heures.»

Enfin, Olivier Maltais nous a dit le plus grand bien de Mon ami Dino, qui est à ses yeux le meilleur film québécois sorti depuis le début de l’année (ce qui, avouons-le, n’est pour le moment pas bien difficile).

Comme le lecteur pourra le constater aisément, cette édition nous aura permis de découvrir de bons films aux styles variés, en provenance d’un grand nombre de pays. Indéniablement, malgré nos réserves organisationnelles déjà évoquées, cette 20e édition fut une réussite!
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