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17 mai 2024

★★★½ | Le Mal n'existe pas / Devil Does Not Exist (悪は存在しない)

★★★½ | Le Mal n'existe pas / Devil Does Not Exist (悪は存在しない)

Réalisation: Ryûsuke Hamaguchi | Dans les salles du Québec le 17 mai 2024 (Enchanté Films)
Dans un petit village du Japon, où la sérénité et le lien profond avec la nature sont des piliers de la vie quotidienne, l’harmonie est brusquement menacée par l’arrivée de citadins assoiffés d’argent. Ces derniers projettent d’installer un “glamping” (contraction de glamour et camping), une initiative dont la conception maladroite pourrait porter préjudice à l’environnement local.
Comme on peut le constater à la lecture de ce court résumé, Le mal n'existe pas aborde un sujet à forte portée sociale et environnementale. Il est peut-être toutefois traité de façon un peu trop simpliste et manichéenne, bien que Ryûsuke Hamaguchi s’efforce d’apporter une certaine nuance dans la représentation des deux protagonistes citadins. Cependant, ces réserves semblent secondaires tant l’essence du film surpasse son intrigue. L’intérêt réside principalement dans les moments où Hamaguchi capture avec une sensibilité palpable le lien indéfectible entre la nature et les humains qui la chérissent, la comprennent, la respectent et la valorisent. Grâce à une réalisation subtile et des images parfois éblouissantes, agrémentées d’une utilisation habile de la musique, le premier et le dernier tiers du film sont un véritable régal cinématographique.
On pourrait alors presque regretter que le film ne soit pas plus audacieux, qu’il ne s’éloigne pas davantage d’une trame narrative quelque peu pesante, qu’il ne se laisse pas davantage emporter par l'observation de l’homme en symbiose avec la nature, qu’il ne se transforme pas en une fable poétique plutôt qu’en un drame social. Néanmoins, ces réserves s’estompent face aux innombrables atouts de l’œuvre. Et parmi eux, le plus remarquable est sans doute la séquence finale, qui condense tout ce que l’on a apprécié dans le film, enrichi d’un mélange de mystère, de violence et de douleur d’une intensité bouleversante.

16 février 2024

★★★★ | Perfect Days (Les Jours parfaits)

★★★★ | Perfect Days (Les Jours parfaits)

Réalisateur : Wim Wenders | Dans les salles du Québec le 16 février 2024 (Entract Films)
L’amour de Wim Wenders pour le Japon est bien connu. Ce qui devait être un documentaire sur les toilettes publiques du quartier de Shibuya à Tokyo, est devenu une fiction mettant en vedette l’immense Koji Yakusho (Cure, 13 Assassins) dans le rôle d’un quinquagénaire taciturne qui travaille dans ces toilettes publiques. On suit sa routine quotidienne bien établie et on découvre ses passions tranquilles jusqu’à la visite de sa nièce fugueuse et d’autres rencontres inattendues. Très inspiré en cette terre étrangère, mais familière pour lui, Wenders retrouve la superbe de sa belle époque avec ce drame profondément humain empreint de tendresse et de poésie. Une véritable ode à la vie et à tous ses petits plaisirs du quotidien, menée de main de maître et magnifiée à l’écran par un acteur au sommet de son art et récompensé par le prix d’interprétation masculine à Cannes l’an dernier.
Coécrit avec le japonais Takuma Takasaki, le film permet à Wenders de retrouver le plaisir de filmer un personnage en marge avec ce voyage introspectif et cette quête existentielle, véritable invitation à se recentrer sur ce qui nous est essentiel pour aspirer au bonheur. Le réalisateur de Paris-Texas retrouve aussi ses thèmes de prédilection non seulement avec cette quête existentielle, mais aussi avec cette difficulté de communiquer à travers ce « road movie » à l’intérieur même d’un quartier animé de Tokyo. C’est donc à travers la musique, la culture des plantes, la photographie et la littérature que son personnage savoure le moment présent et que sa vie prend tout son sens dans un film empreint d’humour qui fait l’éloge du contentement du moment présent. On y entend entre autres des vieux tubes de Lou Reed, Patti Smith, Otis Redding et Nina Simone qui défilent au diapason des états d’âme de ce préposé à l’entretien et qu’il écoute en cassette audio dans sa camionnette en se rendant et revenant du travail. Dans sa façon de filmer le quotidien avec cette douce mélancolie, Perfect Days est à ranger auprès de Paterson de Jim Jarmusch, qui a été l’assistant de Wenders à ses débuts et dont les parcours cinématographiques et les thématiques ne sont pas étrangers l’un à l’autre.

8 décembre 2023

★★★½ | Le Garçon et le Héron / The Boy and the Heron (君たちはどう生きるか)

★★★½ | Le Garçon et le Héron / The Boy and the Heron (君たちはどう生きるか)

Réalisateur : Hayao Miyazaki | Dans les salles du Québec le 8 décembre 2023 (Cineplex Entertainment)
En 2014, nous pensions que Le vent se lève allait être le dernier film de Hayao Miyazaki. Ce long-métrage étant assez inférieur au reste des films du génie de l'animation nippone, nous sommes ravis de voir arriver dans nos salles Le garçon est le héros (dont le titre japonais est beaucoup moins enfantin : Comment vivez-vous ?). Non seulement le nouveau Miyazaki est d'une qualité largement supérieure, mais il est de surcroît parfaitement adapté au statut de film-testament (ou de film-somme, pour faire moins morbide), tant il reprend bon nombre des thématiques aimées pas le réalisateur de 82 ans.
La première demi-heure est sublime, tout en lenteur et en succession de détails flirtant avec une forme de réalisme magique. Après cette fascinante introduction, Miyazaki se livre avec une fougue toute juvénile à un délire qui nous entraîne dans les mondes dont il a le secret, en suivant en enchevêtrement de fils narratifs qui lui permettent d'aborder de nombreuses thématiques, à tel point qu'on se demande parfois si ce n’est pas un peu trop, s'il ne va pas nous mener vers l'indigestion. Mais son grand âge nous pousse à l'indulgence, et le fait que ce film soit probablement son dernier rend presque touchante cette envie d'en dire beaucoup avant de se taire à jamais. Et de nous rappeler à l'occasion d'une scène de séparation que la mort n'est pas si grave si la vie qui l'a précèdé n'a pas été vaine.
En ce qui le concerne, d'un de vue cinématographique, il est évident que la sienne ne l'a pas été.

13 janvier 2023

★★★½ | Broker / Les Bonnes étoiles (브로커)

★★★½ | Broker / Les Bonnes étoiles (브로커)

Réalisation : Hirokazu Koreeda | Dans les salles du Québec le 12 janvier 2023 (Entract Films)
Après un bref passage en Europe qui a laissé perplexe (La vérité, 2019), le réalisateur japonais Hirokazu Koreeda revient en Asie pour son nouveau long métrage, en s’arrêtant du côté de la Corée du Sud. Nous seulement cela lui permet de diriger Song Kang-ho, l’acteur emblématique du cinéma local, mais cela lui permet également de retrouver un peu ses marques.
Une nouvelle fois, le thème de la famille est au cœur de Broker. La délicatesse de la mise en scène nous charme à nouveau et la compassion que le cinéaste ressent pour ses personnages nous émeut. Jamais des voleurs d’enfants n’ont été aussi sympathiques, et le faux road movie que leur offre Koreeda, en compagnie d’un orphelin en fugue et d’une jeune femme qui fuit ses démons, est un ravissement de chaque instant. Leur complicité grandissante rappelle parfois la famille reconstituée d’Une affaire de famille, mais Koreeda s’offre ici un scénario d’une construction un peu plus complexe, avec une intrigue et des personnages parallèles qui pourraient facilement faire chavirer Broker du côté du thriller. Mais que l’on se rassure, ce sont bien les personnages qui sont au centre du film, et le cinéaste garde le contrôle sur son petit monde et ses intrigues en les enrobant comme à l’accoutumée de grâce, de bonté, et de quelques moments magnifiques (de l’émotion de la scène de la grande roue à l’amusement enfantin de la scène de lavage de voiture).
Malheureusement, il déraille un peu dans une conclusion dont la mièvrerie est indigne de son talent et de sa finesse habituelle. Mais qu’à cela ne tienne… ce drame aux allures de comédie possède malgré tout un charme à la fois amusé et émouvant qui nous enchante malgré son trébuchage final !

7 février 2022

★★★★ | Drive My Car (Conduis mon char)

★★★★ | Drive My Car (Conduis mon char)

Réalisation: Ryûsuke Hamaguchi | Dans les salles du Québec le 7 février (EyeSteelFilm)
Après une nouvelle interruption pandémique, le film le plus attendu depuis le dernier Festival de Cannes arrive dans les salles du Québec… et nous ne le cacherons pas: Courez-y!
Les quarante premières minutes, très charnelles, ressemblent à une longue mise en contexte prégénérique. Lorsque le titre apparaît à l’écran de manière tardive, Hamaguchi nous entraîne dans le vif du sujet (qu'on se rassure, il reste encore 2 heures 20 de métrage). Le film se fait alors plus froid, les corps plus distants, les dialogues plus étirés, les personnages plus nombreux, avec cependant toujours comme double point de fixation le héros du film et la pièce qu'il met en scène (Oncle Vania), déjà présents en première partie. Commence alors une réflexion judicieusement diffuse sur (principalement) les fantômes qui nous hantent, la culpabilité qui nous ronge et le devoir de vivre malgré tout.
La grande force du cinéaste est de ne jamais nous imposer son point de vue, mais de nous accompagner auprès de ses personnages, de nous laisser le temps de les connaître, d’appréhender leurs expériences, de les comprendre. Les dialogues sont parfois interrompus de longs silences, que l’intensité d’un regard ou la composition d’un plan rendent encore plus beaux, plus touchants, plus riches. Ainsi, progressivement, les personnages et les enjeux s’étoffent et le film devient de la manière la plus naturelle qui soit de plus en plus poignant. Cette sensation culmine avec l'utilisation de la dernière réplique de Oncle Vania, qui devient également la dernière réplique du film, interprétée dans la pièce mise en scène par le héros en une langue des signes revisitée et fusionnelle (superbement mise en scène par Hamaguchi). La pièce de Tchekhov ayant été omniprésente durant tout le film, on aurait presque aimé que Drive My Car s'achève ainsi.
Mais cela aurait été trop simple. Certes, plus aucune ligne de dialogue ne viendra s'ajouter à celle de Tchekhov, mais le cinéaste préfère quitter la scène du théâtre et ajouter en conclusion quelques secondes qui pourrait sembler anodines. Mais ces derniers instants de vie sont bien ceux d’un bonheur possible. Un bonheur infime, presque insignifiant, mais possible… ici, et maintenant !
Ce dernier choix, en apparence aussi simple que le reste du film, était bien évidemment le bon!
Bravo, et merci.

28 août 2020

Fantasia 2020 | ★★★ | Tezuka's Barbara

Fantasia 2020 | ★★★ | Tezuka's Barbara

Réalisation: Macoto Tezuka
En associant d’emblée la musique très jazzy et nerveuse de Ichiko Hashimoto, la superbe photo nocturne et colorée de Christopher Doyle et ce personnage d’écrivain star totalement désabusé qui se cache derrière ses lunettes noires, Macoto Tezuka (qui adapte ici un manga signé par son père) fait naître rapidement une sensation bizarre. Avant même que le moindre élément narratif ne soit développé, nous pressentons comme une évidence que Barbara sera l’histoire d’un déclin. Ce sentiment est bien évidemment rapidement amplifié par le personnage de Barbara lui-même, jeune femme perdue, alcoolique, amatrice de magie noire, belle, incontrôlable, ne quittant presque jamais son trench déchiré. Cette femme que les autres ne voient jamais, sorte de caricature de femme fatale d’un monde parallèle, annonce le pire. Mais qui est-elle vraiment? Muse fantasmée? Mr Hyde au féminin? une chose est sûre, elle vient ébranler l’assurance de l’écrivain vedette et le confronte à la médiocrité réelle de ses livres à succès!
Le point de départ est passionnant, mais le film ne convainc jamais autant qu’on le souhaiterait. Malgré ses qualités visuelles et sonores, il ne semble jamais rentrer totalement dans son sujet, à savoir les doutes de l’artiste populaires face à un succès qui peut sembler démesuré. Nous aurions aimé voir un peu plus de douleur, être un peu plus déstabilisé par un film moins sage… et surtout un peu moins éloigné des affres de la création et de la souffrance humaine!
Reste toutefois un film visuellement très agréable. C'est déjà pas si mal!

25 août 2020

Fantasia 2020 | ★★★¼ | Labyrinth of Cinema (海辺の映画館 キネマの玉手箱)

Fantasia 2020 | ★★★¼ | Labyrinth of Cinema (海辺の映画館 キネマの玉手箱)

Réalisation: Nobuhiko Obayashi
Parmi les films que ne nous voulions manquer sous aucun prétexte dans le cadre de ce Fantasia 2020 figure incontestablement le dernier film de Nobuhiko Obayashi, mort en avril dernier à l’âge de 82 ans.
Avec cet ultime film, le cinéaste suit trois jeunes hommes qui assistent à une projection dans un vieux cinéma. Ils se retrouvent littéralement projetés dans des films anciens et permettent ainsi aux spectateurs que nous sommes de les accompagner dans un voyage aussi bien dans l’histoire du cinéma japonais que dans celle du Japon (en parcourant plus précisément l’époque féodale, la guerre sino-japonaise et la seconde guerre mondiale, avec Hiroshima en point d’orgue) et de croiser entre autres des figures comme Miyamoto Musashi ou Yasujirō Ozu.
Pourtant réalisé par un vétéran, le film semble au début signé par un adolescent amateur de pop culture qui revisite avec insolence ses classiques. Les longues premières minutes, relativement poussives, glissent progressivement vers plus de maîtrise et de gravité, tout en conservant une fantaisie toujours omniprésente mais de mieux en mieux dosée... Au fur et à mesure qu’il progresse, ce film testament (pour une fois, l’expression n’est pas galvaudée) devient de plus en plus touchant et permet à Nobuhiko Obayashi de rendre un dernier hommage à son cinéma national tout un livrant un ultime message anti-guerre et en nous rappelant par ses excès stylistiques qu’il n’est jamais trop tard pour en faire toujours un peu trop!

25 janvier 2020

★★★★ | The Forest of Love

★★★★ | The Forest of Love

Réalisé par Sion Sono | Pas de sortie en salle au Québec — Disponible en VSD
Ayant réalisé une vingtaine de films dans la dernière décennie, allant de l’opéra rap au drame de science-fiction intimiste, Sion Sono est un cinéaste impossible à cerner. Pourtant, en s’appropriant une histoire vraie avec The Forest of Love, produit par Netflix, le cinéaste semble s’être donné le projet fou de faire son film somme des années 2010. Ce qui est certain, c’est que personne n’en sortira indemne.
Jouant a priori sur deux récits, celui d’un groupe de cinéastes amateurs (très similaires aux Fuck Bombers de son Why Don’t You Play in Hell) et celui d’écolières habitées par un traumatisme (on pense alors à Tag), Sono crée un scénario à la fois porté par l’ambition et les regrets. Sans perde l’énergie foutraque des meilleurs films du réalisateur, The Forest of Love dévoile lentement un intérêt malsain à faire vivre à ses personnages un nombre incalculable de violences, d’abus et de souffrances.
Loin d’être le rêve d’un réalisateur sadique, on sent Sono très touché par ce qu’il présente. Le film explore le trauma sous toutes ses formes avec tellement d’aplomb qu’il en devient désarmant, à fleur de peau, alternant entre l’angoisse la plus totale et la mélancolie tranquille. Des idées entières de sa filmographie sont ici recyclées et réinterprétées, tournant parfois des gags de ses autres œuvres en tableaux d’une tristesse infinie. The Forest of Love est un film hanté par le passé, abattu face à la marche du temps, et pourtant, même en connaissant ses référents, c’est l’œuvre surprenante d’un cinéaste extrêmement prolifique qui semble avoir toujours beaucoup à dire. Sono a rarement été aussi émouvant.

19 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★ | Sadako

Fantasia 2019 | ★ | Sadako

Réalisé par Hideo Nakata
Hideo Nakata a indéniablement marqué le cinéma d’horreur japonais. Non seulement, il a réalisé l’excellent Dark Water, mais il est également à l'origine de Ringu, l'une des franchises les plus connues dans l'univers cinématographique horrifique (pas seulement japonais... il a d’ailleurs réalisé par le passé une suite très satisfaisante du remake américain).
Avec Sadako, film d’ouverture de la nouvelle édition de Fantasia, il nous montre non seulement que le filon est épuisé, mais que son talent s’est envolé avec!
Certes, le film est techniquement irréprochable... mais il n’y a rien d’autre à sauver. Scénario très faible multipliant les coïncidences de manière indécente, personnages transparents et caricaturaux, mise en scène incapable de faire ressentir la moindre tension, musique mal utilisée, dialogues trop souvent risibles qui ne font qu’accentuer notre sentiment de rejet envers cette œuvre clairement dispensable.
On oublie au plus vite...

14 mai 2019

★★★★ | Asako I & II (Netemo sametemo)

★★★★ | Asako I & II (Netemo sametemo)

Réalisé par Ryûsuke Hamaguchi | Dans les salles du Québec le 17 mai 2019 (MK2│Mile End)
Quelle étrange suite au monumental Happy Hour qu’est Asako I & II! Au carrefour des genres, évoquant tour à tour la fable et les comédies romantiques, le nouveau film de Ryûsuke Hamaguchi est une œuvre singulière qui dépasse la caractérisation et surprend à chaque tournant.
Deux années après avoir été abandonnée inopinément par son amant qui lui promettait pourtant de revenir, Asako rencontre un homme physiquement identique. À partir d’une prémisse qui évoque directement Vertigo, le réalisateur place au premier plan l’absurdité et l’irrationalité de nos relations amoureuses sans jamais moquer le sentiment ou en ignorer la beauté.
Ce qui étonne de prime abord est l’apparente passivité, voire la naïveté, affichée par le personnage d’Asako. La protagoniste fait longtemps l’effet d’une coquille vide, tant elle reste silencieuse et semble se laisser aller dans les événements sans vraiment y prendre part. Tranquillement toutefois, Hamaguchi explore les sentiments de son personnage, tout en subtilité, par tous les moyens disponibles, usant par exemple du discours que les personnages secondaires ont envers elle. Il prouve alors que l’impression donnée dans un premier temps était faussée. Il réussit la tâche difficile d’étoffer un personnage réservé, sans raccourcis de mise en scène qui permettraient des représentations littérales d’un univers intérieur à l’écran.
Si Hamaguchi est avare en effet de style, sa mise en scène est loin d’être impersonnelle. Asako I & II alterne sans effort un réalisme retenu laissant toute la place aux acteurs et des envolées fantaisistes. Un passage au centre du film réconcilie admirablement ces deux tons, le spectre d’une vie routinière se confrontant habilement à des coïncidences presque improbables. Le récit réserve des surprises qui forcent le spectateur à réévaluer ce qui lui est présenté jusqu’au tout dernier plan, sans que le réalisateur ne manipule son auditoire dans un jeu de faux-semblants. Il prend simplement le temps d’établir son discours avec soin.
Autant Asako I & II explore clairement le deuil des relations amoureuses et l’impossibilité de complètement laisser le passé derrière soi face à l’avenir, autant le nouveau film d’Hamaguchi reste toujours imprévisible dans ses idées et ses développements. C’est sa grande force, tant chaque nouvelle surprise ajoute à la profondeur de l’œuvre, faisant d’Asako I & II l’un des films les plus surprenants et les plus touchants sur un thème aussi souvent exploré que l’amour.

20 décembre 2018

★★★★ | Une affaire de famille / Shoplifters (Manbiki Kazoku)

★★★★ | Une affaire de famille / Shoplifters (Manbiki Kazoku)

Réalisé par Hirokazu Kore-eda | Dans les salles du Québec le 21 décembre 2018 (Métropole)
La famille a toujours été au cœur du cinéma d'Hirokazu Kore-eda. Il l'a pourtant rarement traitée d'une aussi belle façon que dans Shoplifters, Palme d'Or du dernier Festival de Cannes.
Suite à un détour moins mémorable par le drame judiciaire (avec The Third Murder, inédit au Québec mais disponible en dvd), voir le cinéaste nippon revenir à la source de ses obsessions est toujours un plaisir incommensurable. Après avoir aiguisé davantage son style avec Notre petite sœur et Après la tempête, le voilà qui s'attaque de front au problème de la pauvreté au Japon. Il ne le fait pas en prêchant dans le désert comme Ken Loach et compagnie, mais en concentrant son regard sur une famille unie malgré les intempéries.
Ce cocon familial devient ainsi source de protection pour une petite fille retrouvée et adoptée par le clan. Ses membres, dysfonctionnels en solitaire, se renforcent au contact de leurs semblables, que le lien soit de sang ou pas (une question déjà abordée sur Tel père, tel fils). La laideur et la dureté du monde extérieur sont alors transformées par l'amour des autres, bien que les manières d'y arriver — par le vol, notamment — s'avèrent évidemment discutables.
Le réalisateur ne romance jamais la condition de ses individus, créant peu à peu une brèche dans leur fondation qui s'ébranlera avant la fin. Il ne les juge en aucune occasion, évitant tous les pièges (ils sont si nombreux: misérabilisme, morales d'usage, mièvrerie, sensibilité bien pensante, etc.) en portant un regard noble et empathique sur la situation, qui n'est pas exempt d'humour.
Cela passe évidemment par la mise en scène, d'une justesse inouïe, pas esthétisante comme celle d'Alfonso Cuaron dans Roma, et qui sert parfaitement son sujet. Elle s'oublie pour laisser le quotidien se manifester réellement à l'écran. On semble vraiment être avec les personnages, qui sont campés avec délectation par la traditionnelle famille de cinéma du cinéaste. Cela n'empêche pas les plans de rivaliser de beauté au sein d'un montage expert au rythme organique, dont les métaphores subtilement intégrées amènent tour à tour tension, émotions et libération. C'est le cas notamment du dernier plan où une fillette hésite à sauter par-dessus une clôture.
Auteur d'une filmographie essentielle dont Nobody Knows et Still Walking sont ses principaux porte-étendards, Kore-eda rappelle avec Shoplifters qu'il fait toujours partie de l'élite de son art. Impossible de ne pas ressortir bouleversé d'humanité de cette œuvre magnifique où la vie triomphe pendant deux heures.

2 mars 2018

Before We Vanish (Sanpo suru shinryakusha ) ***½

Before We Vanish (Sanpo suru shinryakusha ) ***½

Au japon, trois personnes qui ne se connaissent pas changent soudainement leur manière d’être. Elles seraient devenues des extraterrestres préparant l’invasion de la terre.

Réalisateur: Kiyoshi Kurosawa | Dans les salles du Québec le 2 mars 2018 (Métropole)

16 juin 2017

5 mai 2017

Après la tempête / After the Storm (Umi yori mo mada fukaku) ***½

Après la tempête / After the Storm (Umi yori mo mada fukaku) ***½

Ryota, écrivain divorcé en mal d’inspiration, oscille entre un salaire de détective privé qu’il préfère dépenser en jeux d’argent plutôt qu’en pension alimentaire, et une tentative de renouer avec son fils après la mort de son père.

Réalisateur: Hirokazu Kore-eda | Dans les salles du Québec le 5 mai (Cinéma du Parc)

5 août 2016

29 juillet 2016

26 juillet 2016

22 juillet 2016

Our little sister / Notre petite soeur (Umimachi Diary) ****

Our little sister / Notre petite soeur (Umimachi Diary) ****

Trois sœurs vivent ensemble depuis que leur père est parti refaire sa vie avec une autre femme, qui lui a donné une fille. Au moment des obsèques de l’homme, les aînées font la connaissance de la cadette et lui proposent de venir vivre avec elles.

Réalisateur: Hirokazu Koreeda | Dans les salles du Québec le 22 juillet 2016 (Métropole)

18 juillet 2016

27 mai 2016