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23 août 2019

★★ | The Death and Life of John F. Donovan (Ma vie avec John F. Donovan)

★★ | The Death and Life of John F. Donovan (Ma vie avec John F. Donovan)

Réalisation : Xavier Dolan | Dans les salles du Québec le 23 août 2019 (Séville)
Après un financement difficile, un tournage interminable, un processus de montage tout aussi pénible et un distributeur qui donne l’impression d’attendre très longtemps avant de se jeter à l'eau, The Death and Life of John F. Donovan arrive enfin sur nos écrans. Malheureusement, le miracle ne se produit pas et le visionnement confirme ce que l’on pouvait craindre: Donovan est le film le moins réussi de Xavier Dolan (et détrône donc Laurence Anyways). Il confirme surtout que lorsque Dolan (si impressionnant lorsqu’il s'intéresse aux relations interpersonnelles) cherche à raconter une histoire un peu trop ambitieuse, il se perd dans ses méandres et se laisse malencontreusement écarteler entre la nécessité de raconter et l’envie de déverser aux spectateurs un torrent d’émotions.
Le film commence de manière un peu tiède, comme si Dolan cherchait à calmer ses ardeurs (certes potentiellement agaçantes, mais particulièrement efficaces, comme dans Juste la fin du monde). Mais très vite, notre indulgence s’estompe: au-delà de certaines maladresses qui deviennent de plus en plus agaçantes (la palme revenant à une course folle d’un fils vers sa mère, au ralenti, sur fond de Stand by me, version Florence + The Machine), Dolan ne sait pas comment raconter son histoire: il se perd entre le présent et le passé, entre la star et son jeune admirateur, et surtout, nous inflige une rencontre entre l’admirateur (devenu jeune adulte) et une journaliste, dont le seul but semble être d’expliquer le reste du film, ce que l’on peut facilement interpréter comme une marque de mépris pour l’intelligence du spectateur!
Ce film, pourtant très personnel et très ambitieux, est indéniablement le ratage du cinéaste. Heureusement, ici ou là, quelques plans assez beaux, voire relativement émouvants viennent nous rappeler que Dolan a du talent. Mais 10 minutes de belles choses noyées dans 2 heures d’émotion mal contrôlée... c’est trop peu!

31 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★¾ | Aquaslash

Fantasia 2019 | ★¾ | Aquaslash

Réalisateur: Renaud Gauthier
Fantasia n'est pas le lieu de prédilection pour le cinéma québécois. Pourtant, parmi les rares bonnes surprises fleurdelisées de ces dernières années figurait le très référentiel et plutôt réussi Discopath (présenté à Fantasia 2013, mais que nous avions vu aux RVCQ l'année suivante) de Renaud Gauthier.
Nos attentes étaient donc réelles avec Aquaslash... et elles ont été grandement déçues. Le film ne fait certes qu'1h20, mais il est interminable. Autant le déluge référentiel de Discopathe alimentait la créativité du cinéaste, autant il semble le brider ici et lui imposer des pistes sur lesquelles il se perd: l'humour tombe à plat de manière quasi systématique (on rit tout de même 2 ou 3 fois), le cinéaste n'arrive jamais à s'élever au-dessus de sa potacherie, les scènes gores tant espérées se font attendre pendant une éternité (et manquent d'inventivité), les passages obligés narratifs sont des impasses... 
Heureusement, pour sauver son film du désastre, Gauthier peut compter sur son talent: subrepticement, à l'occasion de petites parenthèses narratives, il nous rappelle son sens de l'image, des couleurs, des formes: une minute par-ci, trois minutes par là, un plan ici, un autre là... mais rien de plus.
Le cinéaste aurait probablement eu assez de matière pour un bon court-métrage. Il a préféré le noyer dans une cascade d'insignifiance qui semble ne plus finir. Dommage.

• Signalons que nous avons vu la director's cut. Nous serions presque curieux de voir la version producteur... Quoi que! En aurions-nous vraiment l'envie?

6 juin 2019

★★★ | La femme de mon frère

★★★ | La femme de mon frère

Réalisé par Monia Chokri | Dans les salles du Québec le 7 juin 2019 (Séville)
Auréolé d’un Prix Coup de cœur du jury de la section «Un Certain Regard» obtenu à Cannes, le premier long métrage réalisé par Monia Chokri arrive dans nos salles. Si quelques tics dolaniens (il est vrai édulcorés) peuvent un peu agacer, et si certains gags (voire quelques scènes) ne sont pas totalement maîtrisés, nous devons reconnaitre que La femme de mon frère possède également de belles qualités.
Le charme n'est pas la moindre de ces qualités. Il  provient en grande partie des comédiens (soutenus par quelques dialogues bien sentis et par une belle galerie de personnages). Certaines s’en sortent bien malgré des rôles ingrats (Anne-Élisabeth Bossé, omniprésente, qui joue à la perfection la trentenaire exaspérante; Evelyne Brochu qui excelle dans le rôle de la beauté froide), mais nous retiendrons surtout les performances du reste de la famille, incarnée par Patrick Hivon (une nouvelle fois irréprochable), Sasson Gabai et Micheline Bernard. Ils permettent tous les trois à leurs personnages respectifs, même dans leurs excès, de constituer le noyau actif d’une cellule familiale tendue, mais paradoxalement presque apaisante grâce à un débordement d’amour jamais destructeur (ce qui permet d'ailleurs à Chokri de prendre le contre-pied du cinéma dolanien). Ici en effet, si la famille est au centre du récit, c’est surtout parce que ses liens sont plus forts que tout (et principalement les liens frères/sœurs) et qu’ils permettent à tous ses membres de s’enrichir mutuellement sans se phagocyter. La manière dont Chokri passe de la comédie pure pour aller vers plus de sobriété à mesure qu'elle développe sa thèse lui permet de gommer progressivement quelques défauts liés à sa maitrise imparfaite du burlesque et représente une belle réussite. Son film se termine d'ailleurs par une scène finale très sobre mais belle, où naviguent dans des barques des « couples » formés (à en croire quelques indices subtils) par des (vrais?) frères et sœurs.
Parmi les autres réussites discrètes, notons également sa vision d'une société québécoise plus métissée que voudrait nous le faire croire le reste de la production locale grand public. L’ascendance tunisienne de Chokri n’y est probablement pas pour rien... mais il faut admettre que ce petit détail fait plaisir à voir (et permet à la réalisatrice de nous glisser au passage une simple et belle scène mettant en vedette des nouveaux arrivants en cours de francisation).
Ce premier long signé Chokri est donc une relative réussite pleine de promesses. Il est également, après Avant qu'on explose, la seconde comédie québécoise de l’année digne d'intérêt. Non seulement, nous sommes peut-être en train de découvrir une cinéaste, mais nous sommes peut-être en train d'assister à l'avènement de la comédie québécoise de qualité. Voilà deux bonnes raisons d'espérer pour l'avenir!

11 avril 2019

★★ | Ville Neuve

★★ | Ville Neuve

Réalisé par Félix Dufour-Laperrière | Dans les salles du Québec le 12 avril 2019 (Funfilm Distribution)
Critique rédigée dans le cadre du festival de Venise 2018

Félix Dufour-Laperrière a déjà signé par le passé un long métrage documentaire (Transatlantique), mais c’est surtout avec le court métrage qu’il a montré le meilleur de son talent. Que ce soit par le biais des prises de vue réelles (le visuellement splendide Dynamique de la pénombre) ou de l’animation (sous différentes formes, mais citons par exemple Un, deux, trois, crépuscule), il a su montrer par le passé ses deux principales forces: un passionnant travail sur les formes (et la noirceur, très souvent) d’une part, et le soin apporté à ses bandes sonores d'autre part. Ces deux aspects étaient d’ailleurs probablement les plus réussis de Transatlantique, qui montrait de plus grandes faiblesses lorsque venait le temps de comprendre (et de faire parler) les individus. Ville Neuve confirme malheureusement cette impression. Le son y est soigné, certaines scènes sont visuellement très belles (surtout lorsqu’elles prennent des distances avec la représentation du réel), mais Dufour-Laperrière peine à développer ses thématiques ou à créer des personnages et des dialogues convaincants (à l’exception d’une belle scène dans laquelle un jeune homme décrit à sa compagne une scène d’Andreï Roublev).
Cette faiblesse compte malheureusement double pour ce film, en raison de la volonté du cinéaste de traiter aussi bien de l'individu (un couple a du mal à vivre ensemble) que du collectif, sur fond de souveraineté et de référendum (deux peuples ont du mal à vivre ensemble... ou: un peuple a du mal à rester uni, au choix). Certes, le cinéaste prend le parti de ne pas trop en dire sur chacun de ces deux thèmes finalement très proches, et donne judicieusement la place aux non-dits, mais il laisse aussi l’impression d’avoir le cul entre trois chaises (le collectif, l’intime et le travail formel), dont deux sont bancales (les deux premières), car mal maîtrisées au niveau de l'écriture.
Finalement, Ville Neuve est loin d’être sans intérêt, mais nous confirme le pressentiment ressenti au moment de la sortie de Transatlantique. Et si, en effet, Félix Dufour-Laperrière, était plutôt fait pour travailler sur les formes et les sons, sans trop se soucier de développement narratif, de dialogues ou des personnages? 

15 mars 2019

★★★★ | Genèse

★★★★ | Genèse

Réalisé par Philippe Lesage | Dans les salles du Québec le 15 mars 2019 (Funfilm Distribution)
D'emblée, Genèse ne fait rien pour se rendre sympathique: personnage principal masculin arrogant, cassant et antipathique (Théodore Pellerin, une fois de plus parfait); personnage principal féminin un peu bébête (Noée Abita, superbe révélation d'Ava, qui confirme son talent);  mise en scène à la fois un peu rigide et prétentieuse, etc. Heureusement, le film évolue progressivement. Plus le temps passe, plus les personnages nous dévoilent leur complexité, leurs failles, leurs fragilités. Jamais Lesage ne les étouffe sous un alibi narratif. Il préfère les filmer au jour le jour, aux prises avec des problèmes qui peuvent sembler anodins avant de s'imposer comme essentiels: tous les deux doivent faire face au passage à  l'âge adulte, et avec lui, à la découverte de l'amour… ou plutôt de la difficulté d'aimer. L'alternance de ces deux parties, a priori contradictoires mais finalement très proches, est une grande réussite. En plus des qualités déjà évoquées, soulignons l'importance des choix musicaux, qui aident l'ensemble à trouver sa cohérence, mais également les acteurs (tous aussi talentueux que les deux principaux rôles) qui parviennent sous l'oeil de Lesage (au scénario et à  l'écriture) à trouver une épaisseur et une vérité, même lorsqu'ils ne sont que secondaires… voir tertiaires.
La fin de ce dyptique pourrait être celle d'un film réussi, mais Lesage ajoute une troisième partie,  cette fois totalement indépendante, qui rend le film encore meilleur: plus libre, plus lumineuse, plus apaisée,  plus volontairement naïve, elle nous entraîne vers la même problématique, mais à un âge différent (les presque adultes laissent la place au début de l'adolescence).
Avec cette dernière partie qui vient boucler la boucle, il n’y a plus de doutes possibles: malgré  des allures de cinéaste parfois hautain, Lesage sait se montrer sensible et délicat.

13 mars 2019

★★★ | La fin des terres

★★★ | La fin des terres

Réalisé par Loïc Darses | Dans les salles du Québec le 12 mars 2019 (ONF)
Vu dans le cadre des RVQC 2019

Après avoir fait une entrée remarquée dans le milieu du cinéma québécois avec le court métrage elle pis son char, Loïc Darses signe avec La fin des terres un premier long métrage qui avait l’honneur de faire la clôture des derniers RVQC.
D’emblée, au-delà de son intérêt pour des sujets de société forts, Darses confirme son intérêt pour la forme cinématographique. Sa proposition est ici ambitieuse: s’il laisse la parole à plusieurs jeunes afin qu’ils expriment leurs visions du Québec actuel, il ne les montre jamais, préférant laisser déambuler lentement sa caméra dans des paysages, urbains ou naturels, en lien plus ou moins direct avec les sujets évoqués. Lorsque le procédé commence à s'essouffler, Darses témoigne de son sens du rythme en lui redonnant un nouveau souffle: toujours en phase avec les propos, l’image se brouille de plus en plus, pour devenir abstraite, avant de revenir ensuite plus apaisée.
La maîtrise de Darses n’est pas la seule force du film. Alors qu’il parle du Québec, il donne la parole à une diversité souvent oubliée dans le cinéma québécois (certaines personnes ont des origines anglophones ou amérindiennes, d’autres trouvent leurs origines au-delà du Canada). Cependant, cette ouverture à l’autre est contrebalancée par une faiblesse qu’il est difficile de passer sous silence pour un film qui semble vouloir faire le portrait de son époque. Contrairement à ce que faisait Matthieu Bareyre dans l’excellent documentaire français justement intitulé L’époque (présenté à Locarno l’an dernier, malheureusement toujours inédit au Québec), Darses semble ne pas s’intéresser à l’ensemble de la jeunesse québécoise, mais seulement aux plus lettrés. Si on apprécie que le réalisateur donne la parole à ceux qui viennent d'ailleurs, on regrette qu’il ne la donne pas aux exclus ou aux oubliés du système éducatif... c'est à dire justement à ceux qu'on entend rarement. 
Ce choix, qui permet au film d’être plus agréable (de jeunes personnes intelligentes qui ont tout compris sur tout s’expriment sur de belles images filmées par un jeune homme talentueux) lui nuit un peu sur le plan idéologique… Mais lorsqu’on voit à quel point Darses maîtrise son sujet, on se dit que ce choix est probablement assumé. Tant pis pour nous! Surtout, cela n’enlève rien aux promesses que fait naître ce cinéaste que nous avons hâte de continuer à voir grandir dans nos salles de cinéma.

21 février 2019

RVQC 2019

RVQC 2019

Fauve (réalisé par Jérémy Comte)
Une nouvelle fois cette année, Québec cinéma vous donne Rendez-vous et vous propose de découvrir un nombre considérable de films québécois récents, allant du court au long, de la fiction au documentaire, du cinéma populaire au cinéma d'auteur. Seront également au programme divers événements, allant des 5 à 7 (comme la rencontre annuelle entre les créateurs des cinq films finalistes du prix collégial du cinéma québécois et des cégépiens de partout au Québec | Samedi 22 février à 17 h) aux leçons de cinéma (comme celle de Sara Mishara animée par Daniel Racine | Mercredi 27 février à 19 h 30).
Toute la programmation est disponible sur le site internet de l’événement, mais nous vous donnerons tout de même quelques conseils.
Le premier est bien évidemment de profiter de cette superbe occasion pour voir sur grand écran les films que vous avez manqués lors de leurs sorties en salle. Parmi les plus réussis, signalons Chien de garde, La grande noirceur ou encore Une colonie.
Les rendez-vous seront aussi l’occasion de découvrir des nouveautés. Nous reviendrons d’ailleurs très bientôt sur le film d’ouverture (Avant qu’on explose de Rémi St-Michel, vu hier et particulièrement réjouissant) et sur le film de clôture (La fin des terres de Loïc Darses, dont nous avions adoré l’excellent court métrage Elle pis son char). Parmi les inédits, le film autofinancé Speak Love d’Emmanuel Gendron-Tardif est, d'après certaines personnes bien informées, à suivre de près. Signalons également la présence de Cassy de Noël Mitrani, qui est devenu une figure de proue de l’hyperindépendance.
Les RVQC seront aussi l’occasion de découvrir un très grand nombre de documentaires, qu’ils soient inédits ou en reprise comme La part du diable, finaliste du Prix Luc-Perreault/AQCC du meilleur film québécois 2018 (dont la remise aura justement lieu pendant les Rendez-vous).
Enfin, les Rendez-vous feront une fois de plus le bonheur des amoureux de courts métrages. En plus des deux finalistes aux Oscars (Fauve de Jérémy Comte et Marguerite de Marianne Farley), les amateurs pourront voir des films d’une grande variété, notamment ceux réalisés par deux cinéastes que nous suivons depuis plusieurs années comme David Latreille (qui réussit avec Rachel à aller vers le documentaire tout en restant fidèle à son univers très personnel) ou notre rédactrice en chef adjointe Miryam Charles (qui nous offre avec Drei Atlas un petit joyau poétique dans lequel l’allemand et le créole s’unissent à merveille).
Vous l’aurez compris… comme tous les ans, il y en aura pour tout le monde ! Alors profitez-en !

15 février 2019

★★★ | Répertoire des villes disparues

★★★ | Répertoire des villes disparues

Réalisé par Denis Côté Dans les salles du Québec le 15 février 2019 (Maison 4:3)
Avec ce onzième long métrage en quinze ans, le cinéaste indépendant Denis Côté persiste dans la singularité avec Répertoire des villes disparues, l’un de ses plus réussis à ce jour. Adaptée librement du roman de Laurence Olivier, l’action se situe dans le village fictif d’Irénée-les-Neiges, perturbé par l’apparent suicide d’un jeune homme de 21 ans. Dès les premiers instants, alors que des enfants aux masques étranges jouent dans le froid et la neige, le spectateur est plongé dans un climat mystérieux et inquiétant; un peu comme dans le Twin Peaks de David Lynch.
Flirtant avec le drame psychologique (la difficulté et l’acceptation du deuil), le drame de mœurs et le film choral, tout en métissant le tout d’une bonne dose de fantastique, le dernier essai cinématographique de cet ex-critique de cinéma nous emmène sur plusieurs pistes et dans des directions différentes. Féru de cinéma d’horreur dans sa jeunesse, Côté témoigne d’un savoir-faire indéniable lors des moments plus tendus où le film bifurque légèrement vers le cinéma d’épouvante. C’est d’ailleurs la première fois qu’il flirte avec les codes du cinéma d’horreur (espérons qu'il le revisite dans des films à venir). Avec son montage abrupt, des images tournées en 16 mm qui confèrent au film un look dénaturé aux couleurs désaturées et une bande sonore souvent angoissante, la réalisation fait montre d’une maîtrise indéniable.
Le thème principal qui ressort sous forme de métaphore, en filigrane au début mais de façon plus explicite lors d’un dernier tiers (moins réussi et plus explicatif), est la peur de l’étranger et la désertion des habitants des villages québécois vers les grandes villes... qui renvoient aussi au titre du film. Même si Côté nous conduit sur différentes pistes de réflexions et d’interprétations, l'évolution du traitement fait perdre au film un peu de son charme vers la fin :  Répertoire des villes disparues aurait peut-être gagné au change en assumant un peu plus sa part de mystère ou d’étrange.

31 janvier 2019

★★★ | Une colonie

★★★ | Une colonie

Réalisé par Geneviève Dulude-De Celles | Dans les salles du Québec le 1 février 2019 (Funfilm Distribution)
Texte rédigé dans le cadre du FCVQ 2018

Après un court-métrage qui s’est fait grandement remarquer il y a quelques années (La coupe) et un premier long-métrage documentaire qui nous semblait très prometteur (Bienvenue à F.L.), Geneviève Dulude-De Celles nous livre avec Une colonie son premier long-métrage de fiction. Elle reste ici fidèle à ce qui semble être son thème de prédilection (l’enfance et l’adolescence) en donnant vie à la jeune Mylia (Émilie Bierre, l’enfant de Catimini, une nouvelle fois parfaite) prise entre sa petite sœur (la très jeune Irlande Côté, impressionnante de naturel), l’effritement de la structure familiale et la difficulté de trouver sa place (à l’école et dans la vie). Dans ce énième récit initiatique, certains choix sont particulièrement judicieux (la fille qui se sent exclue est la plus jolie de toutes alors que la fille hot est plus quelconque et un peu boulotte: le paraître (vêtement, maquillage, attitude) est ici clairement plus important que le physique), d’autres beaucoup moins (le traitement pourtant discret de la situation familiale; le traitement de la volonté de sortir du cadre, à la fois trop insistant et trop naïf). Pourtant, ces faiblesses se transformeraient presque en force. Si la réalisatrice semble peiner à prendre des distances par rapport à son sujet (ce qui est un handicap), cela lui permet d’être si près de la naïveté de l’enfance qu’elle parvient à donner à son film une sorte de charme fragile et maladroit. Mais les plus grandes qualités d’Une colonie sont ailleurs et confirment ce que nous avions aimé dans le précédent long-métrage de Dulude-De Celles. Non seulement elle aime ses personnages (et à travers eux ses acteurs), mais elle sait les filmer, avec un mélange de respect et de bienveillance. Lorsqu’elle les laisse évoluer devant sa caméra, ils n’ont plus besoin de dialogues pour exister, pour nous toucher, ou pour nous dire qui ils sont et ce qu’ils ressentent.
Geneviève Dulude-De Celles a du talent, aime diriger les acteurs (enfants, adultes, pro ou non pro, tous sont impeccables), sait laisser parler ses images (le party d’Halloween après l’«acte» avorté est une grande réussite), possède une sensibilité touchante… Laissons-lui le temps d’affiner encore son écriture, et espérons le meilleur pour la suite!

25 janvier 2019

★★★½ | La grande noirceur (The Great Darkened Days)

★★★½ | La grande noirceur (The Great Darkened Days)

Réalisé par Maxime Giroux | Dans les salles du Québec le 25 janvier 2019 (Funfilm)
Contrairement à ce que pourrait laisser imaginer son titre, La grande noirceur ne nous plonge pas dans le Québec des années 1950 mais nous entraîne aux côtés d'un sosie québécois de Chaplin, déserteur et réfugié aux États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale.
Malgré cela, il ne s’agit pas d’un véritable film historique non plus. Le passé semble avoir ici moins d'importance que le rêve, ou plutôt le cauchemar, comme en témoignent de nombreux éléments : perte de repères géographiques, anachronismes assumés, villes trop désertes uniquement peuplées de rares  et improbables personnages. Le travail visuel et sonore contribue également à situer perpétuellement le film à la frontière du rêve et du réel, pour un résultat particulièrement troublant, toujours légèrement décalé, un peu à la manière de ce vagabond québécois, sorte de double de Buster Keaton, qui gagne pourtant un concours de sosie de Chaplin (Martin Dubreuil, décidément l’acteur québécois le plus fascinant, le plus instinctif, le plus animal, le plus troublant… le plus génial de ces dernières années).
Giroux nous parle aussi paradoxalement de notre époque, sans manichéisme et avec une certaine complexité : un déraciné qui fuit est confronté à d’autres déracinés qui cherchent à profiter du chaos. Mais en cette période de Seconde Guerre mondiale, contrairement à la nôtre, ce sont les francophones qui fuient, ce qui permet à Giroux de diriger deux acteurs français tout aussi instinctifs et parfait que Dubreuil: Romain Duris et Reda Kateb, qui confèrent à leurs personnages une improbabilité troublante. Malheureusement, le personnage interprété par Duris est aussi le vecteur d'une des rares faiblesses du film: un discours sur l’Amérique beaucoup moins subtil que le reste du propos.  Citons comme autre point faible la dernière rencontre (le vendeur de cigarettes), il est vrai justifiée sur le plan narratif, est moins maitrisée que l’ensemble du film.
Mais ces faiblesses, certes regrettables, sont cependant mineures. Le film demeure globalement beau, inventif et fascinant. Il est également le portrait touchant d’un homme fragilisé par une époque et un environnement anxiogènes, parfaitement restitués par ce décidément fort talentueux Maxime Giroux!

23 novembre 2018

★★★½ | À tous ceux qui ne me lisent pas

★★★½ | À tous ceux qui ne me lisent pas

Réalisé par Yan Giroux | Dans les salles du Québec le 23 novembre 2018 (Les films Séville)
À tous ceux qui ne me lisent pas est une réflexion lucide à la fois douce et amère sur les méandres de la vie d’artiste. Dans le cas présent, le film explore la période qui a mené à la création du recueil de poésie d’Yves Boisvert ; Les Chaouins. Tel un poète ambulant (interprété avec brio par Martin Dubreuil), le personnage principal semble en constante confrontation avec le monde qui l’entoure. Son désir de création consume tout autour de lui. C’est ce désir de créer sans compromis qui se transpose dans ce premier long-métrage de Yan Giroux: il signe une œuvre quasi calquée sur le caractère bouillant et imprévisible de son protagoniste.
On rit, on grince des dents, on soupire par moments puis bien souvent, on est touché au cœur. Avec une certaine sensibilité, le film propose un questionnement nécessaire sur le rôle, la place ainsi que la définition de l’artiste dans la société québécoise. S’il faut souligner l’interprétation de Martin Dubreuil, on ne pourrait passer sous silence le reste de la distribution (Céline Bonnier, Jacques L’Heureux, Henri Picard, Marie-Ève Perron) qui offre également nuances et profondeurs à chacun de leurs personnages. Visuellement, les images signées par Ian Lagarde insufflent une touche poétique à l’ensemble du film.
En s’éloignant de la proposition biographique classique, le film se permet d’explorer une avenue plus expérimentale (liée à l’un des personnages du film). Cette rupture de ton pourra déstabiliser le spectateur tout en renforçant le propos artistique du réalisateur (une ode à l’art hors des normes établies). À tous ceux qui n’ont jamais lu l’œuvre d’Yves Boisvert, le film de Giroux ouvre une fenêtre d’une étrange beauté sur le parcours atypique d’un poète malheureusement disparu.

15 novembre 2018

★★★ | L'amour

★★★ | L'amour

Réalisé par Marc Bisaillon | Dans les salles du Québec le 16 novembre 2018 (Filmoption International)
Marc Bisaillon conclut sa trilogie sur le silence coupable avec L'amour, où il s'inspire d'un nouveau fait divers qui a ébranlé le pays: celle d'un jeune homme habitant le Québec qui s'est mis dans le pétrin en visitant son père aux États-Unis.
Si l'histoire est connue et que la «révélation» se devine aisément, le cinéaste emprunte néanmoins le chemin du suspense, brouillant constamment les pistes, jouant avec les attentes du cinéphile. Une décision courageuse qui se retourne parfois contre lui, car son film, trop court, aurait sans doute eu plus de portée sous le volet du drame psychologique. Ainsi la riche matière première du scénario (ce passé qui détruit, l'effet de la violence, la fascination pour les armes à feu) ne peut qu'étouffer au passage et n'être traitée qu'en partie.
Cette façon de compliquer ce qui aurait pu être si simple se fait également ressentir sur le plan de la réalisation, qui regorge d'ellipses et de sauts dans le passé. Sans doute que ce procédé existe pour étayer la confusion des protagonistes face à ce qu'ils doivent vivre, mais il risque seulement de désorienter un spectateur moins attentif aux détails et aux subtilités de la mise en scène. On note tout de même une excellente utilisation du montage parallèle, où la suggestion précède généralement l'explication. Au sein d'un récit émouvant qui ne peut qu'ébranler les certitudes en place, les scènes les plus déchirantes s'avèrent les plus réussies. C'est là que Bisaillon maîtrise son art, sachant constamment comment soutirer le meilleur des situations, parfois à l'aide d'une image forte ou d'une mélodie appropriée. Le chemin est toutefois plus sinueux lors des moments transitoires, d'une intensité relâchée, parfois court-circuité par des dialogues moins porteurs (ou qui sonnent un peu faux) ou une interprétation inégale d'un personnage secondaire.
Rien à dire cependant des premiers rôles. Pierre-Luc Lafontaine a rarement déçu au cinéma et il livre une autre prestation intériorisée en antihéros qui cherche une façon d'expulser son malaise. Face à lui se dresse un Paul Doucet plus touchant que jamais, dont l'habileté de passer de la séduction à la répulsion suscite l'effroi. Seule Fanny Mallette semble un peu coincée à l'écran. Il faut avouer que la construction de l'intrigue lui permet difficilement de briller, si ce n'est à la fin, où elle est particulièrement bouleversante.
Meilleur que La lâcheté mais moins marquant que La vérité dans la filmographie de son auteur, L'amour demeure une oeuvre en pleine ébullition, imparfaite mais sincère, d'un cinéaste qui se fait décidément bien trop rare.

21 septembre 2018

★★★ | La disparition des lucioles

★★★ | La disparition des lucioles

Réalisé par Sébastien Pilote | Dans les salles du Québec le 21 septembre 2018 (Les films Séville)
Sacré meilleur film canadien lors de la dernière édition du festival de Toronto, le troisième long métrage du réalisateur Sébastien Pilote (Le vendeur, Le démantèlement) est une ode au caractère tragi-comique de l’adolescence. Tout comme dans ses films précédents, le réalisateur continue son étude des questions humaines. On retrouve donc un personnage à la croisée des chemins, celui de Léo (Karelle Tremblay), sur le point de terminer ses études secondaires. Selon les membres de son entourage, c’est le moment de penser à l’avenir et de décider de ce qu’elle fera de sa vie.
Au lieu de nous présenter un personnage introverti dont les émotions seraient à décoder par le spectateur, Pilote choisit la voie de la rébellion. Son personnage principal prend la décision de ne pas se laisser immobiliser par la pression de sa famille ou de ses pairs (qu’elle confronte allègrement sur la question). Sans réelle certitude quant à sa destinée, Léo est toutefois ferme dans ses opinions. Confrontée également à des relations familiales tendues, elle aborde tous ces aspects de vie avec sérieux (sans se prendre au sérieux). Calqué sur le caractère de son héroïne, le film est nourri de situations et de dialogues pince-sans-rire.
La mise en scène est solidifiée par une direction photographique et un montage en phase avec le personnage de Léo. Dans le rôle principal, Karelle Tremblay se démarque de l’excellente distribution. Au final, La disparition des lucioles est une œuvre qui revendique la possibilité d’avoir son propre rythme de vie, libre des conventions sociales. Le film nous rappelle notre droit de forger notre avenir comme on le veut, sans avoir toutes les réponses à l’avance.

28 juin 2018

★★★★ | Gina

★★★★ | Gina

Réalisé par Denys Arcand (1975)
En 1970, Denys Arcand tourne On est au coton. Ce documentaire important qui traite des conditions de travail déplorables et difficiles des travailleurs de l’industrie textile au Québec est interdit de projection par l’ONF. Cinq ans plus tard, après La maudite galette (son premier film de fiction) et Réjeanne Padovanni, oeuvre colossale mais amèrement reçue à Cannes en 1973, Arcand entreprend une quête vengeresse avec Gina. Dans ce film de fiction où il règle notamment ses comptes avec l’industrie cinématographique de l’époque, spécialement l’ONF, le réalisateur emploie des jeux d’oppositions (ici le cinéma direct se mêle avec le cinéma d’exploitation pur et dur) qui mènent ce drame de mœurs distancié vers une tout autre sphère que le simple cinéma de genre. La maîtrise du montage en parallèle juxtapose les scènes de tournage d’un documentaire sur l’industrie textile à Louiseville aux démêlés d’une danseuse de club avec une bande de motoneigistes. Le tournage du documentaire  incluant un extrait censuré par l’ONF de son toujours inédit On est au coton  cède sa place à une fiction dont le climat très dur vers la fin évoque la température froide et enneigée d’un hiver québécois qui nous plonge dans les mœurs typiques de l’époque (le jeu de confrontation lors de l’importante et longue scène de billard; la danse inoubliable de Céline Lomez avec la musique rock de Michel Pagliaro).
On retrouve toute la verve d’un cinéaste enragé et en pleine possession de ses moyens dans cette variation sur le thème de la violence et de la vengeance personnelle. À l’instar de La maudite galette, c’est dans le cinéma d’exploitation que le film se dirige tout en déviant habilement les codes du genre. Ainsi, la séquence de viol collectif est filmée sans complaisance et avec une économie de moyens autant dans sa description que sa démonstration. Dans son meilleur rôle au cinéma, Céline Lomez, qui  interprète à la fois l'humiliation et le désir de vengeance, fait preuve de nuance et de complexité.
Cette vengeance personnelle qu’exerce Gina (et sa bande de bandits menée par un étonnant Donald Lautrec) sur ses nombreux agresseurs se conclut par une finale jouissive et ultraviolente d’une rare efficacité... avant qu'Arcand ne boucle son film avec cet épilogue cynique en forme de réflexion sur l’industrie et l’avenir du cinéma québécois.

25 juin 2018

★★ | La chute de l’empire américain

★★ | La chute de l’empire américain

Réalisé par Denys Arcand | Dans les salles du Québec le 28 juin 2018 (Séville)

Les valeurs québécoises (judéo-chrétiennes) ont été progressivement remplacées par les valeurs américaines (le triomphe de l’argent, qui était le titre initial de ce projet). Arcand l'a notamment constaté  à l'émission Tout le monde en parle en mai dernier et en fait le sujet de son dernier film. Cependant, s’il le déplore dans ses interventions publiques («L’omnipuissance de l’argent en est un des symptômes. Trouverons-nous des antibiotiques assez puissants pour combattre cette gangrène ?»), le message de son dernier film est plus ambigu. Avec ses personnages qui font des choix immoraux pour s'enrichir, mais qui s'achètent une bonne conscience en utilisant une partie de la somme volée pour aider les nécessiteux, il semble prendre position aux côtés de ceux qui ont opté pour une fusion entre ces deux valeurs (argent facile + rédemption = bonne conscience. Mais est-ce vraiment une fusion? N’est-ce pas un retour aux valeurs américaines d'antan?). Ce parti pris assez surprenant, qui permet à Arcand de remplacer son cynisme par un optimisme inhabituel, est-il sincère ou n’est-il qu’une concession accordée dans le but de plaire et de retrouver le succès? Le changement de titre du film (qui fleure bon l’opportunisme malhabile en faisant référence à un ancien succès), nous donne un élément de réponse.
Mais finalement, qu’importe tout cela. Quelles qu’en soient les raisons, Arcand peut bien faire les constats qu’il veut, même s’il nous semble avoir été déjà plus pertinent pas le passé. Ce qui inquiète surtout, c’est la perte de son cinéma. Certes, La chute de l’empire américain est nettement supérieur à son précédent film Le règne de la beauté, mais ce n’est pas une référence... et les faiblesses restent nombreuses.
En optant pour la comédie assumée, le cinéaste semble vouloir prendre des distances avec un certain réalisme, mais va un peu trop loin dans cette logique. Avouons cependant que certains choix sont pourtant intéressants, notamment en ce qui concerne les seconds rôles, très justes dans la caricature de ce qu’ils représentent: l’homme d’affaires respectable à l’extérieur, sans scrupule à l’intérieur, interprété par Pierre Curzi avec une rigidité bienvenue; l’escroc jadis au service d’un gang de motards, tout droit de prison et incarné par un Rémy Girard plus Rémy Girard que jamais; le duo de policiers très «série américaine», incarné par le couple le plus classe et sexy de l’année cinématographique québécoise: Louis Morissette et Maxim Roy. Malheureusement, en allant un peu plus loin dans la caricature avec les deux rôles principaux (Maripier Morin en pute intello au grand cœur et Alexandre Landry en docteur en philo «trop intelligent» pour s’intégrer à notre triste monde), Arcand trébuche et entraîne tout le film dans sa chute. Il semble vouloir obéir à une logique de comédie romantique (l’amour entre deux personnes que tout oppose), mais ne prend pas le temps de créer le terrain propice à leur rapprochement. Comme s’il avait oublié que la comédie réussie doit prendre le temps de créer un univers qui permet au spectateur d’en accepter les improbabilités, Arcand semble tout se permettre sans effort. Pour enfoncer le clou, le film souffre de la même faiblesse avec son pendant plus «polar»: les choses vont si vite, et de manière si improbable, que la facilité prend le dessus sur la fantaisie: plus le film avance, moins les incohérences multiples passent. Les petites touches personnelles (des références intellectuelles à l’arrière-plan social), ne font qu’aggraver le tout et accentuer le grand écart irréconciliable entre le cinéaste qui semble vouloir rester lui-même et celui qui cherche visiblement à plaire au plus grand nombre avec son mélange de caricature, de facilités scénaristiques et d’optimisme peu convaincant.
Le cinéaste avait touché le fond avec Le règne de la beauté… il remonte un peu, mais il n’est pas encore arrivé à la surface. Tant s’en faut!

30 mars 2018

★★★ | Claire l’hiver

★★★ | Claire l’hiver

Réalisé par Sophie Bédard Marcotte | Dans les salles du Québec le 30 mars 2018 (La Distributrice de film)
Claire (Sophie Bédard Marcotte) vit un hiver difficile, s’efforçant d’accomplir un projet artistique tout en se remettant de sa rupture. Ajoutant à ses angoisses, un satellite en perdition qui s’apprête à s’effondrer sur terre occupe son esprit.

***

Entre les petits stress quotidiens, l’obsession pour les chats et les angoisses existentielles qui se matérialisent souvent de façon absurde, Claire l’hiver brosse un portrait aussi particulier qu’adéquat d’une génération élevée sur internet. La réalisatrice Sophie Bédard Marcotte forme son film à la manière d’un scrapbook, accumulant les idées, thèmes et formes de façon presque hyperactive, mais ne perdant jamais une ligne directrice personnelle.
Si le récit ne se démarque pas, c’est qu’il devient prétexte à des expérimentations formelles. Même lorsque celles-ci sont empruntées ailleurs (un clin d’œil à Chris Marker démontre que la réalisatrice assume pleinement ses inspirations), ces expérimentations prennent ici un aspect ludique. L’excentricité assumée de l’ensemble, reflétant le tempérament de la protagoniste, risque bien d’en énerver certains mais, pourvu que l’on accepte ce trait de caractère, Claire l’hiver fait régulièrement sourire ou surprend, sautant d’idées en idées sans s’arrêter trop longuement sur une et risquer d’ennuyer.
Le tout est alors plutôt brouillon et, surtout, assez inégal. Malgré sa courte durée, le film peine à soutenir son énergie sur toute sa longueur. D’un autre côté, c’est grâce à cette liberté incontrôlée et incontrôlable que Sophie Bédard Marcotte affiche d’emblée, dès sa première fiction, une identité singulière. Alors qu’il est difficile pour les cinéastes émergents de faire leur place, la réalisatrice démontre qu’elle possède déjà sa propre voix et mérite d’être suivie.
L'avis de la rédaction :

Olivier Bouchard: ***
Jean-Marie Lanlo: *½
Martin Gignac: ***
Pascal Grenier: ***

9 mars 2018

Chien de garde ***½

Chien de garde ***½

JP et Vincent sont deux frères aussi différents qu’inséparables, collecteurs pour leur oncle Danny (Paul Ahmarani), gérant d’un cartel dans le quartier montréalais de Verdun. Tout bascule le jour où celui-ci fait une demande à JP qui viendra bouleverser l’équilibre que le jeune homme tente de trouver.

Réalisatrice: Sophie Dupuis | Dans les salles du Québec le 9 mars 2018 (Axia)

2 mars 2018

Isla Blanca **

Isla Blanca **

Mathilde (Charlotte Aubin) retourne sans l’annoncer à la maison familiale après huit années d’absence inexpliquées. Elle découvre une famille en difficulté: sa mère est mourante et son frère est rempli de questions face à l’absence de sa sœur.

Réalisé par Jeanne Leblanc | Dans les salles du Québec le 2 Mars 2018 (Maison 4:3)

25 février 2018

RVQC 2018: Bonnet d'hômme ***

RVQC 2018: Bonnet d'hômme ***

(Réalisateur: Frédéric Barrette)

Prenez un natif de Rouyn-Noranda diplômé de l’École nationale de cirque de Montréal, plongez-le dans la France profonde et très rurale, ajoutez deux artistes de cirque barbus, bourrus, peu bavards, parfois tout nus et assaisonnez le tout avec un accordéon, une tronçonneuse, des ânes, un quad et un chapiteau perdu au milieu de nulle part: vous obtiendrez ce film qui ne ressemble à rien d'autre qu'à lui-même, petite planète égarée qui se trouverait quelque part entre la galaxie Kaurismäki et la galaxie Abel et Gordon.

16 février 2018

Les faux tatouages ***

Les faux tatouages ***

À la sortie d’un concert de musique punk-rock, Théo (Anthony Therrien) et Mag (Rose-Marie Perreault) font connaissance. Rapidement, un lien s’établit entre eux. Serait-ce la naissance d’un nouvel amour?

Réalisateur : Pascal Plante | dans les salles du Québec le 16 février (Maison 4:3)